vendredi 29 mai 2009

Dieu

Ca y est, tu as basculé de l'autre côté. Ce n'est pas arrivé tout d'un coup, il y a eu des signes. Quand tu étais DG, tu as fait virer le président. Quand tu es devenu président, tu as fait virer le DG. Hier, tu es arrivé en disant que tu étais Dieu, c'est un conseiller général que te l'a dit, et tu l'as pris au sérieux.

Bosser avec toi c'était l'enfer, il reste à espérer que ça devienne le paradis.

J'ai des doutes.

jeudi 28 mai 2009


Prudence et le papier tue-mouches

Un dimanche, chez nos amis Prudencepetitpas, nous buvions un thé en jouant au Pictionnary, quand Prudence s'est levé et s'est collé la tête sur un des papiers tue-mouches suspendus au plafond. Le souvenir de Prudence, qui éprouve une profonde répulsion pour les mouches, agitant la tête en criant, s'emmêlant chaque fois plus le ruban avec 10 000 mouches dans les cheveux, longs à l'époque, est très plaisant. Quand j'ai la déprime, je repense à ce moment. Je vous livre ci-dessous le mail de Prudence tel quel.

Journal d'un Hédoniste contrarié

(La mouche et le papier tue-mouches)

J'avais décidé de m'installer sans résistance dans mes névroses préférées, comme on s'installe dans un hamac pour s'octroyer une goutte de répit dans une vie consacrée à une épuisante lutte contre soi-même.

J'avais décidé que ce «moi-même» que j'avais entrepris depuis longtemps de connaître serait celui-là même que l'évidence me tendait à bout de bras, parfaitement présent et assumé et que je ne lui poserais aucune question, n'attendrais aucune justification de sa part. (un peu comme on accepte sans rechigner le cadeau d'une aiïeule qui est convaincue que vous chaussez toujours du trente quatre, comme lorsque vous aviez sept ans, c'est à dire à peu près à l'époque où, pour elle, le monde à cessé d'évoluer pour enfin se stabiliser à sa convenance). C'était un cadeau que je m'octroyais, sous la forme d'une paire de parenthèses encadrant un tout petit et délicieux espace ponctué de trois petits points .

On ne mesurera jamais assez l'intensité du plaisir que ressent celui qui décide de s'offrir une trêve, comme par exemple se remettre à sucer son pouce, se remettre à fumer, ou s'offrir un petit circuit électrique de formule 1 miniature pour Nöel (soit dit en passant , c'est peut être la meilleure façon de se débarrasser définitivement de ces petits vices : en effet, vous vous rendrez vite compte que votre pouce n'a plus le même goût qu'autrefois, que la cigarette vous fait tousser, et que les petits bolides déraillent tout le temps. Le temps a passé, le charme n'opère plus , vous allez donc pouvoir employer tout votre temps à la recherche de nouveaux vices : au fond,c'est peut être cela aussi, grandir).

J'étais donc dans mon jardin, allongé dans mon hamac en songeant délicieusement aux nouvelles névroses auxquelles j'allais pouvoir m'adonner. J'en étirais tout l'éventail, comme une broderie soyeuse sur laquelle miroitaient mille bulles de lumière. Cette occupation précieuse requiert de la part de celui qui s'y adonne un calme parfait afin que puisse se déployer le repos de l'âme et l'état de conscience nécessaire. Ca, tout bon dalaï lama vous le confirmera, je n'ai rien inventé. (vous pouvez lui demander, au dalaï, il habite pas très loin de chez moi, si vous voulez, je vous file son numéro de téléphone, dites lui que vous appelez de ma part, c'est un pote etc,etc,etc.).

Bref, tout était pour le mieux, sauf les mouches...

Car la mouche, être perfide, attend toujours son heure.

Elle sait attaquer l'être vulnérable au moment où il est le plus vulnérable.

Et j'étais vulnérable et la mouche m'attaqua.

Ou plutôt m'attaquèrent, car elles furent bientôt plusieurs.

D'où viennent elles?

Comment se fait il qu'il n'y en a aucune et que, tout à coup, il y en a plein?

Comment font-elles?

Comment font les mouches pour voler aussi vite et en faisant autant de bruit?

Avez-vous déjà essayé d'observer le vol d'une mouche?

Avez vous constaté à quel point il est stupide, désordonné, agaçant, illogique et sans objet?

C'est sans doute ce que vous vous êtes dit.

Certes.

Mais allons plus loin dans la réflexion.

Le vol de la mouche n'est ordonné que dans le simple but d'incommoder l'honnête homme.

La mouche n'est jamais là où l'on croit qu'elle est . A peine posée, déjà envolée.

Elle est déjà à côté, inécrasable, ou, encore pire, sur votre nez.

Que faire, sinon s'armer?

Ne pas hésiter à réunir l'arsenal entier de la guerre anti mouche: tapettes, bombes aérosols, pièges et même, papier tue-mouches.

Ce que je fis.

En m'octroyant, esthète, une légère concession à la nostalgie pour le cinéma exotique de la période d'avant guerre. En effet, le papier tue-mouches fait partie des accessoires obligatoires pour suggérer une ambiance torride, au même titre que le ventilateur de plafond, le cactus dans un coin de l'écran ou le verre de whisky à moitié vide sur le rebord d'un piano.

J'en plaçai deux rouleaux, disposés suivant les règles strictes de l'art de la guerre : à savoir un à chaque extrémité du salon (oui, est il nécessaire de le souligner, j'avais depuis longtemps abandonné mon hamac et porté la lutte jusqu'à l'intérieur de ma demeure : cela s'appelle la guérilla domestique).

D'autre part, chacun sait que le papier tue-mouches est exclusivement une arme d'intérieur : il n'y a pas de plafond dans la nature.

Voilà.

Sur la suite je voudrais passer avec pudeur, sans m'étendre plus en avant sur les causes et les circonstances.

Toujours que je me suis retrouvé, un jour que nous avions des invités (Pénélope Cruz et cet excellent acteur américain dont j'oublie toujours le nom, mais peu importe) à la maison, les cheveux capturés et emberlificotés dans le papier tue-mouches, pris au piège que j'avais moi- même dressé.

Mais comment, direz vous?

A la suite d'une passe d'arme avec une mouche au cours de laquelle j'essayai de la diriger, à grand renfort de geste circumambulatoires et aériens, vers le piège collant.

D'où la situation extrême où je me trouve maintenant, me voici doublement pris dans un piège définitif, puisque haïr la mouche et le papier tue-mouche, c'est haïr en même temps la maladie et le remède qui permettrait d'en guérir.

Coincé entre la maladie et des remèdes bourrés de contre-indications et d'effets secondaires non désirés, ceci est bien à l'image de l'absurde situation de l'homme contemporain qui se débat entre les délices de ses névroses et sa volonté de s'en sortir.

Depuis, j'ai fait construire un plafond au dessus de mon jardin et je me suis tondu le crâne.


mercredi 27 mai 2009


Rages et repentirs

Vous avez fait une erreur. Prenez un air effondré, les épaules rentrées, le regard éperdu et si vous y parvenez, la larme à l’œil. Dans le meilleur des cas, c’est vous qui vous en êtes rendue compte; vous avez envoyé un courrier daté du 51 mars 2009. Si vous réussissez à être convaincante dans l’expression de votre terreur panique, cela peut vous valoir l’absolution du chef. Ne cherchez pas à minimiser les faits. Sinon vous êtes cuite.

Mais vous ne pouviez pas le savoir, vous venez d’arriver. Et comme vous n’êtes pas aiguilleur du ciel ou directeur financier d’une multinationale, votre nature confiante vous porte à relativiser.

Le chef convoque alors les cadres et chefs de services, plus des personnes qui passaient par là et d’autres qu’il fait venir de l’autre bout du bâtiment, pour des raisons obscures. Dans quelques années, vous serez indulgent pour les membres de ce tribunal stalinien. Vous comprendrez que la pire des choses serait qu’une personne prenne votre parti. Mais pour l’instant, vous avez du mal à comprendre que presque tout le monde hoche la tête d’un mouvement réprobateur, quelques uns même écarquillent les yeux. Essayez d’oublier que la moitié des personnes présentes a relu votre dossier avant qu’on vous autorise à l’envoyer, sans voir l’erreur.

Vous aurez du mal à retenir votre mépris et c'est pourtant c’est du repentir qu’il va falloir montrer. Si vous avez de la chance, la rage que vous éprouvez sera assez forte pour faire monter des larmes.

Tant qu’à être touchée, veillez à rester enragée. Le détachement viendra plus tard.

mardi 26 mai 2009


Le Lièvre

Il y a six mois seulement, le PDG vous haïssait. Aujourd'hui, comme il le ferait pour une laitue sur un étal, il vous choisit parmi la dizaine de convives pour déjeuner à son côté, et dégouline d'attentions à votre égard. Il profite de la moindre occasion pour vous toucher l'épaule ou la main.

Pour vous prouver qu'il ne s'agit pas de tentatives d'approche libidineuses, il s’adresse à vous pour flatter votre voisine: «n'est-ce pas qu'elle est belle, quand elle sourit, Christine ?». Vous trouvez la réflexion hors de propos et saugrenue, mais vous regardez Christine en effet très souriante et rosie par le compliment. S’il fallait la trouver quelque chose, vous la trouveriez très niaise. Le PDG peut-il imaginer un seul instant que vous répondiez sérieusement « oh oui, elle est belle Christine quand elle sourit » ? Vous vous en tirez par une pirouette : ce genre de compliment, depuis que vous avez dépassé 15 ans, vous les trouvez suspects. Le PDG est ravi, il vous croit jalouse et Christine arrête de sourire. Par contre, la tablée hilare réalise qu’on peut chambrer le PDG aujourd’hui. Et quand le ringard affirme que les femmes, il faut les choisir comme les chevaux, ce qui compte c’est l’ascendance, la santé et la performance, un convive courageux risque : «ah bon, parce que tu les choisis encore ?».

Pour faire diversion, et décidément très en forme, il enchaîne sur un lièvre à « deux bites et quatre couilles » qu’il a tué à la chasse la semaine dernière, et quand il explique à la tablée qu’il aimerait bien en avoir autant, vous vous retenez de lui répondre de ne rien regretter du tout. Il les a, et du plus bel effet, au milieu de la figure.

dimanche 24 mai 2009

Zamis

Votre patron vous a pourri la semaine avec une proposition tordue que vous avez refusée énergiquement. Vous appréhendez les mesures de rétorsion musclées qui vont suivre. Depuis lundi, vous ressentez les symptômes liés à la trouille : nausée, insomnie, obsession ...

Le vendredi soir, vous arrivez chez vos amis plutôt mal en point : livide, tendue, épuisée. Et vous leur racontez pourquoi.

Votre amie Zani vous demande le nom de votre patron. Puis, son regard droit dans le vôtre, elle lève l'index à la manière d'un canon de revolver et dit : t'inquiète plus, lundi il est mort.

Zani n'est pas un chef de gang mafieux et il ne fait aucun doute qu'elle n'a jamais descendu qui que ce soit (même si vous ne conseillez à personne de l'embêter).

Pourtant, par quel mystère, quelle magie, cette phrase a-t-elle désamorcé le cercle vicieux de votre angoisse ?

Le fait est que depuis, vous dormez comme un loir, vous re-mangez et vous voyez l'avenir autrement.

Merci Zani.

jeudi 21 mai 2009



Un mail de mon ami Prudence Petipas

Je suis un héros!!!
Tu ne me croiras jamais, mais je viens d'occire un serpent qui était entré dans le salon.
De mes propres mains et n'écoutant que mon courage, aprés une lutte sans merci, un corps à corps sauvage, j'ai eu le dessus sur le monstre satanique.
Oui. Je l'ai immobilisé à l'aide d'un balai en criant à mon fils de m'amener la premiere arme qu'il trouvait et c'est donc avec la planche à découper que j'ai écrasé le monstre.
J'ai sauté plusieurs fois dessus à pieds joints pour etre sûr que le travail était bien fait. Lorsque j'ai soulevé la planche, j'ai compris que ce que j'avais pris jusqu'à présent pour une planche à découper n'était rien d'autre qu'une planche à écraser.
Je suis grand et beau, mon regard d'acier transperce ce qu'il croise, mes muscles saillants dansent le boléro à chacun de mes mouvements, mon âme est d'airain et mon courage sublime : je suis le parangon du "chef de famille", celui qui est prêt à braver la mort à chaque instant pour sauver les siens. Ce soir, j'entourerai d'un bras de marbre les épaules de ma compagne, de mon épouse et je murmurerai : "Ne t'inquiète pas, je suis là..."
Alors, elle s'endormira et je resterai éveillé, à guetter les bruits de la jungle...

A suivre ...

Prudence et le papier tue-mouches collé/emmêlé dans les cheveux

Prudence et le lérot dans la cuvette des WC

Prudence dérange un nid de frelons en allant voir une expo dans un château

Prudence assiste à tout un vernissage avec des glaçons sur le crâne

mercredi 20 mai 2009

A l'attaque !!!

Lundi, grâce à mon déguisement adapté de sado-maso, je suis sortie indemne (enfin presque) d'une altercation avec zebigboss, qui vous le savez, est un fou-furieux.

Depuis, forte des regards admiratifs de mes collègues, je vais bosser en costume de superman. Tout à l'heure, en rentrant du boulot et toute pénétrée de mon syndrome d'invulnérabilité, je suis intervenue pour défendre une jeune fille qui se faisait agresser par un jeune homme.

Si le chauffeur super-costaud n'avait pas arrêté le bus pour une intervention musclée, on se faisait massacrer toutes les deux.

Cette nuit, je vais tâcher de grandir 30 cm, grossir 40 kg et demain, je remets mon armure de chevalier.


Entre parenthèses

Si vous ne connaissez pas le syndrome d'invulnérabilité, il faudra que je vous prête mon costume de superman : après, tu traverses les boulevards sans regarder, conduis sans ceinture de sécurité, descends des trains en marche, mets les doigts dans les prises, roules en marche arrière sur un seul pied, avales un paquet entier de cacahuètes, et j'en oublie ...

Post-Scriptum

Je tiens à préciser à mon père qui émet des doutes sur la réalité de mes zistoires qu'elles sont toutes réellement vraies et authentiques.

Je voudrais rassurer ma fille qui elle, émet des doutes sur ma santé mentale, tout va bien, merci ma puce.

Je voudrais demander aux enfants de ma soeur V. de la laisser accéder à l'ordinateur pour qu'elle me recommence à me laisser des commentaires anonymes.

Petites boîtes – grosses boîtes

J'ai bossé dans une boîte dont les clients nous détestaient tout autant que les fournisseurs. Il fallait à notre tour les détester. Bien sûr, chaque salarié était plein de méfiance et de mépris pour les autres. Ca s'est mal terminé. Heureusement, j'étais partie depuis longtemps.

J'ai bossé dans une autre boîte dont le patron virait sur le compte de sa maîtresse l'argent prévu pour payer la TVA aux transitaires. Ca s'est mal terminé. Heureusement, j'étais partie depuis longtemps.

J'ai bossé dans encore une autre boîte où on bossait comme des fous avec plaisir parce qu'on adorait tous le patron. Il nous a vendus à une holding véreuse qui a fait faillite. Je suis partie juste à temps.

Je bosse dans une boîte dont le patron est dingue. On est obligés se se déguiser avant d'aller bosser le matin et c'est pas facile de choisir et de ne pas se tromper. Aujourd'hui j'hésite : l'armure du chevalier avec le heaume et tout, le truc à boules et à piques et le filet du gladiateur, les cuissardes et le fouet du sado-maso ... j'ai écarté celui du chaton inoffensif il va faire trop chaud.

dimanche 17 mai 2009

Mes amis sont drôles

Entendu hier soir, à une fête chez des amis. La musique était très forte, donc le tout était dit en criant, pour que j'entende :

« Tu vas pas me faire croire que le nuage de Tchernobyl n'est pas arrivé jusqu'à chez nous, tiens, la preuve : Sarkozy président de la France ... »

« Les jeunes m'avaient dit qu'ils partiraient à minuit, il est une heure et ils sont toujours là, il va falloir que je les éjecte de force, ils nous squattent la piste de danse ... »

« Ma fille a 15 de moyenne en maths en seconde et elle veut absolument être couturière styliste, il faut faire quoi, je préfèrerais qu'elle ait 4 de moyenne... »

« Il faudrait que tu enlèves ta chemise à rayures, elle me fait mal aux yeux »

« Aujourd'hui ça fait un an que j'ai arrêté de fumer (une cigarette allumée à la main) »

« En arrivant tout à l'heure, un voyant du tableau de bord de ma voiture s'est allumé et ça clignotait : 100°, c'est grave, tu crois? »

« Khâgne, Hypokhâgne, je viens de passer 2 ans à bosser comme une tarée, l'année prochaine je vais à la Sorbonne, ça va me reposer »

« Si t'es d'accord, je t'échange tes deux filles contre mon fils »

« J'ai arrêté de bosser à l'hosto et je me suis installée en infirmière libérale le jour où une collègue à qui je demandais un coup de main auprès d'un malade m'a répondu : oh ben non alors, t'es pas au courant? je n'entre pas dans la chambre des malades, je supporte plus, je fais que les papiers »

« Je crois que ma femme devient dingue, l'autre jour, je l'ai trouvée à nettoyer les recoins de la cuvette des WC avec un coton tige »

«La voisine ne nous parle plus depuis que Jeanmi l'a traitée de pintade»

vendredi 15 mai 2009


Sylvie, Véro, Françoise, Isabelle, Christiane et Corinne

Vs

Océane, Solène, Coralie, Roxane, Marion et Gaëlle


Tiens, lundi ya ma collègue la vieille qui revient, jte dis pas le boulet, les regards qu'elle me jette quand je passe deux heures au téléphone avec mon jules ou ma mère, on dirait presque que je l'empêche de bosser. Elle est grave nulle en plus, t'y crois pas, elle confond stiletto et stabilo, une vraie plaie. Tu me diras, avec son mètre 75, vaut mieux pas qu'elle en porte, déjà que j'ai toujours l'impression qu'elle me regarde de haut.

On n'a rien à se dire, c'est une intello méga barbante, elle n'a pas la télé alors moi, les lendemains de la NS, je suis toute excitée et j'adorerais en parler avec quelqu'un, même si cette année, c'est vraiment naze.

J'essaie quand même de lui faire la conversation, mais elle n'en a rien à foutre de mes régimes , ça me gave, elle peut manger n'importe quoi elle grossit pas. Moi faut que je fasse gaffe, la moindre patate ou le moindre saucisson et je grossis. Je vois bien à la cantine son regard en biais, non mais jte jure sa race, on dirait ma mère.

En plus, cette gourdasse, tu verrais, elle veut faire genre je suis une princesse bien élevée et je dis bonjour à tout le monde, même au comptable avec ses tennis décaklon, moi ça me donne envie de vomir, il peut toujours s'accrocher avant que je lui dise bonjour celui-là.

L'autre jour, j'ai posé mon it bag vintage de chez Chlié sur le bureau, elle savait même pas ce que c'était et t'aurais vu sa tronche quand je lui ai dit le prix, une vraie plouc, jte dis.

Le boss il m'oblige à lui faire lire tous les courriers que j'écris, soi-disant pour corriger les fautes, comme si j'avais pas Bac+5.

Avec Solène de la com, on s'amuse à faire de la provoc à la machine à café, on parle de Q comme des charretiers, fallait voir son air consterné quand j'ai raconté que j'ai fait rhabiller le jules que j'avais ramené chez moi parce qu'il avait trop de poils ... on en a rigolé pendant des jours.

* Les filles, nous on adore travailler avec vous, c'est aussi chouette que regarder un feuilleton (une série) à la télé, surtout ne changez rien.



jeudi 14 mai 2009

Je n'aurais jamais du inviter Eric* à venir jouer de la guitare avec moi ce soir. Au bout d'une minute de «River of tears», je pleurnichais comme une nouille (j'étais triste) et lui il pleurait de rage (je joue comme un pied). La prochaine fois j'invite les Beach Boys.

(*Clapton)



Un mail de ma copine Syla

Je pourrais moi aussi écrire des tas de zistoires. C'est quand même dommage que je ne puisse pas te prêter ma collègue. Elle pourrait te donner de l'inspiration pour des siècles : aujourd'hui elle nous expliquait qu'elle ne pouvait pas acheter des soutien-gorges parce qu'elle fait du C et qu'ils sont tous rembourrés, et qu'elle n'aime pas ça, et que d'ailleurs c'est vachement long à faire sécher....... Elle est capable de tenir des heures sur un sujet comme ça ! Tu pourrais t'imaginer que c'est une nana un peu fragile, soignée et mignonne qui te raconte ce genre de choses, mais en fait elle est petite, carrée, courte sur pattes, elle se tient très mal, genre la tête toujours rentrée dans les épaules, les pouces accrochés aux poches de pantalon et le ventre en avant. Elle nous a même raconté qu'elle était allée acheter des sous-vêtements assortis à son pull qu'elle portait aujourd'hui, et qu'après les strings qui montent haut au-dessus du pantalon, histoire de faire remarquer chaque fois qu'elle se baisse, que, oh là là son string dépasse peut-être de son pantalon taille basse qui la moule parce qu'elle n'arrive pas à maigrir alors qu'elle est en perpétuel régime protéïné, huuuuu (je reprends ma respiration ), elle avait acheté des mini shorts, mais le problème c'est que son soutien gorge est à dentelle mais que les mini short à dentelle ce n'est pas pour elle parce que la dentelle sur les fesses, ça lui fait un gros cul !
Tout ça en 10 mn de pause café, ça te donnerait presque envie de sauter les pauses en prétextant que tu as trop de travail.
Allez je t'en raconterai d'autres la prochaine fois, ça finira peut-être par t'inspirer.

Bonne nuit. Bisou, Syla

mercredi 13 mai 2009

Gaston

Ce matin, en arrivant au Siège, je me suis garée hors du parking. Trois voitures devant moi était garée celle du DG, avec lui dedans. Il attendait probablement de rassembler assez de courage pour aller au turbin. J'ai fait celle qui ne le voyait pas mais il est sorti m'aider à porter mes dossiers. Il est pire que moi en terme d'inadaptation au moeurs de la boîte ; l'ex-DG, promu président, m'aurait fourgué ses dossiers à porter. Il m'a ouvert la porte et m'a laissée passer devant.

Je l'ai remercié avec un grand sourire fraîchement rouge-à lévrisé, en espérant que je n'en avais pas sur les dents, comme Denise, notre femme de ménage.

Surpris par tant de cordialité (les poulettes craignent les représailles présidentielles et se montrent glaciales avec lui), il rate la troisième marche et tombe dans un grand fracas. Son cartable s'ouvre et le contenu s'étale sur quatre mètres : un sandwich dans du papier alu, un téléphone, un agenda électronique et au moins vingt mouchoirs en papier tous mouchés.

Avec dix ans de moins et ma spontanéité intacte, je lui aurais tapoté l'épaule : «t'inquiète pas poulet, on est tous passés par là, tellement terrorisés par zebigboss qu'on accumule les bourdes les unes derrière les autres».

Je n'en ai rien fait, bien entendu, mais je suis arrivée à le décrisper quand, en continuant ma montée, je lui ai lancé «Faudra quand même dire à Denise de cirer moins fort cet escalier, merdalors».

* par souci d'anonymat, j'ai changé le nom de la femme de ménage

mardi 12 mai 2009

Ce matin à la machine à café, deux jeunes collègues (enfin, tout est relatif, elles ont quand même passé la trentaine) devisaient sans complexe et en public sur leur difficulté à caser leur gros derrière dans un string ... Franchement, il faudra m'expliquer comment ça peut être difficile d'enfiler un string. Avec mes copines, on a passé la quarantaine et on enfile nos culottes trèèèèèèèès facilement. Le problème c'est qu'on n'ose pas le raconter à la machine à café, je vais peut-être tenter le coup demain.

lundi 11 mai 2009

Déambulation

Cet après-midi j'ai croisé un lévrier, c'est curieux il tenait plus du lézard que du chien : le regard fixe, un corps fin et long couleur sable, un déplacement saccadé, une longue queue ... si je n'avais pas eu peur qu'elle me reste dans la main, je la lui aurais attrapée, pour voir.

dimanche 10 mai 2009


Aie confiance

Vous sentez qu’un de vos salariés vous échappe, sa motivation semble médiocre alors que vous avez besoin de lui. Il se peut aussi qu’au hasard d’un dossier, vous ayez remarqué les compétences d’un de vos subordonnés, et que vous ayez envie de vous en assurer la fidélité. Ou encore, vous pouvez avoir besoin de flatter un élu syndiqué.

Convoquez-le dans votre bureau, vantez copieusement ses mérites et faites-lui miroiter une promotion en termes assez vagues de rémunération ou de reconnaissance. Concluez l’entretien d’une voix vibrante : fais-moi confiance, fonce, le reste, j’en fais mon affaire. Au besoin, pour accroître vos capacités de persuasion, croyez-y vraiment.

Vous pensez être en droit de bénéficier dès lors d’une motivation sans borne de la part de votre salarié. Sa promotion n’est qu’un projet très vague et lointain, et s’il savait il ne sortirait pas de votre bureau rassuré et euphorique. Pour l’instant, il a envie d’y croire et votre image rassurante et paternelle lui fait du bien. Il a l’impression que vous allez prendre en charge ses angoisses et le dédouaner de toute responsabilité. Votre tutoiement n’est pas inoffensif : votre salarié est devenu un petit enfant (oubliant tous les inconvénients de cet état). Dès qu’il sort de votre bureau le cœur débordant de reconnaissance à votre égard, passez à autre chose.

Après quelques années dans l’entreprise que vous dirigez, il vous sera difficile de motiver votre « convoqué » de la semaine. Vous sentirez même l’expression désabusée qu’il s’efforce de masquer alors que vous lui jouez pour la cinquième fois en trois ans la scène de la confiance.

Il arrive parfois qu’un salarié vous rappelle vos promesses non tenues. Suivant le moment, montrez-vous royal, rattrapez la faute et rejetez-la sur vos subordonnés de manière très vigoureuse, cette bande d’incapables qui n’ont pas suivi vos consignes. Vous êtes devenu un virtuose de la double-pensée (cf 1984 d'Orwell).

Dans des moments de lucidité, ou quand vous avez besoin de collaborateurs compétents et créatifs, vous réalisez que votre entourage immédiat n’est plus composé que de sujets et de cyniques.

Mais la plupart du temps, cela vous convient parfaitement.

vendredi 8 mai 2009


Titres

Les trois poulettes du dernier étage du siège social signent leurs mails de leur nom suivi de leur fonction. J'ai reçu cette semaine un mail signé par toutes les trois et ça donne :

Poulette n°1 : Chargée de développement et des projets

Poulette n°2 : Chargée des contentieux ressources humaines et des relations avec les partenaires sociaux

Poulette n°3 : Chargée de la vie associative

Je trouve que ça témoigne bien du «poids» qu'elles sont «chargées» de porter : zebigboss. Qui, lui, en plus se fait un malin plaisir de les appeler ses secrétaires.

Ca me fait de la peine de me moquer d'elles parce qu'elles sont très gentilles avec moi.

Signé barnioc, rédactrice.

(c'est comme ça que je m'appelle)

mercredi 6 mai 2009


Restaurant n°1

La veille vous avez réussi à tenir une réunion entière sans soupirer, lever les yeux au ciel, prendre l’air absent, cynique ou consterné. Vous avez été comme les autres et avez trouvé reposant de vous laisser mener sans ramer à contre-courant.

Le problème c’est que zebigboss a décidé de se souvenir de votre existence, ce qui signifie des tas d’emmerdements. Le premier : il vous appelle le soir chez vous pour vous dire tout son plaisir de retravailler ensemble. Le deuxième, il vous donne rendez-vous au restaurant pour un déjeuner de travail.

Il est déjà là quand vous arrivez, finit une phrase au téléphone, puis raccroche. Il se lève pour vous faire la bise, cordial. Vous vous asseyez en face de lui : gris, gros, gras. Vous vous sentez coupable de vos pensées parce qu’il a le sourire bienveillant. Quand vous lui demandez s’il va bien, ça se gâte. Tout d'abord il expédie la commande du repas, le sien et le vôtre sans vous laisser le temps de consulter la carte, vous aurez peut-être le choix au dessert. Puis il commence à vous donner de ses nouvelles. Vous êtes pourtant prête à tout, vous le connaissez bien, mais il arrive à vous surprendre : il vient de chez le proctologue parce que suite à une otite, il a «chié du sang abominable» pendant une semaine, mais son intestin et son anus ne sont pas en cause, c’est juste ses hémorroïdes. Heureusement, le service est un peu lent ; vous parvenez à faire passer votre perplexité pour de la compassion.

Il passe alors au chapitre suivant : regrette que ses nouvelles fonctions l’empêchent de travailler avec vous comme autrefois, vous faites partie des deux ou trois piliers sur qui il peut compter… Vous évitez ce que vous faites d’habitude : la petite maline qui n’est pas dupe et il est suffisamment imbu de sa personne pour concevoir le moindre soupçon.

A la place, (mais qu'est ce qui vous prend ?) vous casez : est-ce que je peux me permettre de profiter de l’intérêt que vous semblez me porter pour vous poser une question concernant ma rémunération ? (Un jour, pour vous punir, il a bloqué votre salaire sur une des deux boîtes qui vous paient, ce qui au bout de quelques années finit par représenter une somme conséquente, merdalors)

Il marque un temps d’arrêt. Vous soutenez son regard d’une manière que vous espérez très professionnelle et posée, en vous raccrochant intérieurement très fort au fait que c’est vrai, il l’a dit lui-même cinq minutes auparavant (oubliez que la plupart du temps il dit n’importe quoi) vous faites partie des gens sur qui on peut compter, non ? Au fond, vous vous épatez vous-même d’avoir prononcé cette jolie phrase : est-ce que je peux me permettre de profiter … ?

Apparemment il est épaté lui aussi et il l’exprime : il est content que vous ayez abandonné votre «coquetterie» qui consiste à refuser toute promotion en échange de la tranquillité (vos copines promues sont parfois très mal en point). Vous manquez alors de tout gâcher quand vous dites avec précipitation que vous ne souhaitez rien abandonner du tout.

Quand la réactualisation de la partie injuste de votre salaire arrive le mois suivant, vous souriez. En effet, vous comprenez enfin que votre paie est indexée sur votre capacité à écouter des histoires de trou du Q.

Ongles

Ma fille a coupé ses ongles sans que je ne demande rien, mais elle les a peints en rouge vif.

lundi 4 mai 2009


Rendre chèvre une équipe de poulettes motivées

1 – Avouer un objectif inavouable et le moins fédérateur possible : te faire les couilles en or.

2 – Donner des consignes floues et embrouillées, à l'image de ta pensée, et crier très fort quand on te demande des précisions.

3 – Téléphoner tous les quarts d'heure pour connaître l'avancement du dossier, et encore crier très fort quand les explications te semblent confuses.

4 – Constater que ta poulette bras-droit est en larmes et tétanisée, et crier encore plus fort..

5 – Réaliser qu'une poulette HS peut compromettre l'avancement du dossier et rappeler un quart d'heure plus tard pour t'excuser.

6 – Rappeler une heure plus tard pour t'assurer de l'efficacité de tes excuses et en profiter pour voir si ça a avancé. Te retenir de crier quand tu constates que « la problématique n'est pas encore posée » et espérer qu'il reste encore une poulette en état de production efficace.

7 – Etre patient une heure encore et être rassuré de recevoir par fax un document qui tient la route, torché en dix minutes par la poulette secondaire, moins traumatisée que la première, encore tremblante.

8 – Ignorer le fait que des consignes claires et un peu de sérénité t'auraient fait gagner 3 heures. Ignorer aussi que tu as transformé une équipe de poulettes potentiellement efficaces en un troupeau de chèvres apeurées.

9 – Attendre la fin de l'après-midi pour appeler la poulette engueulée et t'assurer qu'elle a bien agréé tes excuses, lui dire que le boulot est OK etc. La poulette en question a l'honnêteté de te dire que la poulette secondaire y est pour beaucoup dans la ponte du document.

10 – A 21 heures, l'information t'est montée au cerveau et appeler donc la 2ème poulette sur son portable mais elle ne décroche pas.

11 – La rappeler le lendemain matin et l'appâter avec un déjeuner de travail (dont elle n'a que faire mais qui lui fournira, du moins l'espère-t-elle, l'occasion d'une nouvelle histoire). Au passage, la prendre à témoin de l'incompétence de tes divers cadres, mais comme elle ne semble pas intéressée, raccrocher.

12 – Rappeler la poulette en chef pour la rassurer encore, et cracher sur tes autres cadres.

13 – Rappeler la deuxième poulette histoire de lui montrer que tu penses à elle.

14 – Rappeler la première poulette pour ...

Quelle fatigue.