mardi 30 juin 2009

Casquette

Je crains le soleil, il me fait des taches sur la peau. Pas de charmantes taches de rousseur mais de larges taches marron hyénesques que je suis obligée d'oindre de crème dépigmentante, telle un Mickaël Jackson version léopard. Au moindre rayon de soleil, je sors donc ma crème 50+, mes lunettes noires et ma casquette. J'ai essayé le chapeau de paille mais il m'encombre les mains quand je l'enlève. Je trimballe donc en ville mon look un peu pourri qui m'a valu ce matin plusieurs regards salaces de types douteux, genre guérilléro crados avec chien muselé.

Il faut que je me trouve une casquette à fleurs. (j'ai enlevé la photo parce qu'on me reconnaît paraît-il)


lundi 29 juin 2009

Au jardin des plantes...

Ce matin, j'ai vu une petite fille qui poursuivait, toutes dents et griffes dehors un troupeau de petits garçons effrayés.

J'ai aussi vu un paon faire de grands déploiements et vibrations de roue devant un canard indifférent.

O tempora, o mores.

samedi 27 juin 2009

Mme Piques (2)

Ma voisine pipelette du 3ème m'a raconté que Mme Piques, ma voisine excentrique du premier est tombée dans le canal entraînée par son chien qui en poursuivait un autre. Et qu'il avait fallu l'amener à l'hôpital pour la désinfecter. Je suis méchante, j'ai imaginé cette pauvre Mme Piques, si grande et si digne avec sa coiffure à la Louis XVI (cf zistoire du 31/3/09, je ne sais pas faire le lien) dans le canal et ça m'a fait sourire toute la journée.

vendredi 26 juin 2009

Ma fée Carabosse

Depuis une semaine, ma princesse est devenue la fée Carabosse. Elle me foudroie du regard chaque fois que je lui adresse la parole et quand elle me répond, c'est d'un air excédé. Il faut dire que nos sujets de conversation s'étiolent petit à petit et que question contact, je suis peut-être un peu maladroite.

Scène 1 : Moi : ça s'est bien passé ? (me référant à une soirée, une épreuve du bac ou autre chose) - Elle : oui oui - Moi : et encore ? - Elle : regard ZX32 (des yeux verts foudroyants) + ben quoi ?

Scène 2 : Moi : tu rentres à quelle heure ? - Elle : regard ZX32 + pas tard - Moi : mais encore ? - Elle : regard ZX32 appuyé + je sais pas

Scène 3 : Moi : t'as pensé à ... ranger ta chambre, rapporter les bouquins, prendre des clés ? (pas tout en même temps quand même) - Elle : regard ZX32 + pfffffff

Résultat, je me retrouve à raser les murs d'un air penaud, triste et désemparé, à la recherche d'un sujet susceptible de me rendre ma princesse au sourire radieux. J'ai une idée pour ce soir, je vais essayer : je t'ai ramené des doritos, des cerises et du sirop de citron... c'est peut-être encore la saison, et encore à son goût...

mardi 23 juin 2009

Assemblée Générale

Hier, vous n'aviez aucune envie de vous retrouver à la tribune à côté de votre PDG, vous avez soigneusement évité son regard mais il vous a interpellée devant 50 personnes : Rosanaaaa, viens là, de sa voix éraillée. Docile, vous êtes montée sur l'estrade comme sur l'échafaud. Il y avait devant lui une bouteille d'eau et le fouillis habituel : papiers froissés, déchirés, mordillés et griffonnés. Votre regard glisse sur l'assemblée à moitié endormie par son blabla et somnolez vous même doucement, quand votre inconscient, votre subconscient et votre alter ego décident de prendre les choses en main et de réveiller tout le monde.

De votre index, ils poussent une feuille qui en recouvrait une autre ... et le tas de papiers froissés s'effondre et renverse la bouteille d'eau sur votre PDG. Vous ne réalisez pas tout de suite (non, c'est pas moi, c'est mon alter ego !). Vous êtes pour la deuxième fois en un mois l'héroïne de la boîte. Vous restez de marbre, des âmes bienveillantes épongent. Vous souriez (intérieurement). Peut-être éviterez-vous la tribune l'année prochaine.

lundi 22 juin 2009

L'Avventuraa

Se rendre quelque part avec Sergueï, c'est une aventure. Déjà pour aller au supermarché du coin alors pour un RV à 150 km, il faudrait partir avec une couverture de survie. Même avec un GPS.

Vous aviez consulté et imprimé l'itinéraire qui vous indiquait un chemin direct et une durée d'une heure et demie. L'aventure commence quand Sergueï brandit son GPS et y entre la destination.

Vous formulez une première objection quand, dès le départ, l'appareil vous indique la direction contraire. Sergueï réfute : « t'inquiète pas, elle va se réajuster (il dit elle quand il parle du GPS) ». Quand il vous fait sortir une sortie d'autoroute plus tôt, vous lancez une deuxième objection. Sergueï réfute encore. Vous décidez de lâcher prise (c'est nouveau, ça fait partie de votre entraînement pour devenir plus cool).

Au bout de 2h30, au lieu de vous trouver à destination, vous êtes au bout d'un chemin de terre sans issue. Vous formulez un troisième objection vigoureuse, vous emparez du GPS pour consulter la destination et constatez que Sergueï avait vaguement indiqué un code postal à la machine. Laquelle vous a conduit en effet dans un vague endroit.

Sergueï tente bravement une « positive attitude » : il est pas joli ce petit chemin ? Tu es trop conventionnelle...

Désespérée de vous retrouver dans ce sinistre endroit au lieu de devant l'apéro avec vos amis, et pour ne pas pourrir ce début de ouikenne, vous essayez aussi d'être positive : vous avez évité le pire, vous auriez pu vous retrouver à Clermont Ferrand.


vendredi 19 juin 2009

J’ai laissé traîner mes zoreilles dans le bus

Ah ben non, je ne prends jamais le métro moi, je suis cruciforme.

jeudi 18 juin 2009

Vous essayez de perdre l'habitude d'avoir un avis sur tout. A 13 ans, vous guettiez l'approbation des copains avant de vous autoriser à aimer une musique, un livre, un film, un vêtement. Après, vous avez pris l'habitude de trouver tout nul. C'est une position tellement plus confortable à défendre. Puis, pour peu que vous ayez une grosse voix et trois mots de vocabulaire, vous découvrez le plaisir d'argumenter pour défendre un bouquin, un film ou un avis tranché sur une question.

Un jour, la fatigue, la sagesse ou la vieillissure aidant, vous découvrez les délices du lâcher-prise. Quel plaisir, quand on vous interpelle en réunion, de répondre que vous ne savez pas (interdit de dire que vous n'en avez rien à battre).


mercredi 17 juin 2009


Délation

Ma Princesse a 18 ans mais dort encore avec Tété et se frotte le nez avec son Trapito.



mardi 16 juin 2009

Ma Princesse (II)

Hier soir, elle est restée assise avec nous plus de 15 minutes, devant un truc débile à la télé. Avec son père, on n'osait pas parler, zapper ou même la regarder au cas où elle s'envole. Au bout d'un moment, on lui a quand même touché la truffe, on a pensé qu'elle couvait un truc. On n'a plus l'habitude.

Ma Princesse (III)

Ya du chômage. Il paraît. Enfin, c'est même sûr. Et au lieu de bûcher son bac (tu comprends, ce qui reste c'est plus que les formalités : la philo, les maths, les sciences éco... avec 4 h par jour c'est les doigts dans le nez, elle dit), ma Princesse se trouve un nouveau boulot chaque jour. Elle va bientôt gagner plus d'argent que moi.

lundi 15 juin 2009

Octopus

Ce matin, un des participants à la réunion avait un visage fascinant. A la manière du bonhomme dont je ne me souviens plus du nom et qui est dessiné proportionnellement à sa capacité à percevoir des sensations. Je m'explique : le visage du gars en question occupait toute la tête. La boîte crânienne assez réduite et plate, puis des lèvres grasses et pulpeuses, des yeux globuleux, un nez charnu et proéminent et des oreilles pavillonnaires. Pour finir ce portrait, des mains énormes, une élocution précieuse et des propos pleins de componction. Pour vous dire s'il m'était difficile de me concentrer sur autre chose.

PS : ce n'est pas lui sur la photo, c'est prudence qui s'est fait piquer par une mouche :"trop tard, zé mé souis fait piquer, zé mé zent tot bidzarrr"

dimanche 14 juin 2009

Retraite

Je prends ma retraite en tant que DG mais j’ai assuré mes arrières. Pour commencer, j’ai recruté un gros naze pour me remplacer. Ensuite, j’ai placé au conseil d’administration assez de mes sbires pour assurer mon élection au poste de président, d’où je piloterai le gros naze. En attendant, je me fais préparer une grosse fête où tous mes sujets seront au garde à vous. Mais chut, je suis censé n’être au courant de rien, je ne voudrais pas être assimilé à un président de république bananière. Je rêve secrètement d’une statue de moi avec une belle plaque en bronze ou en marbre au milieu d’une pelouse entretenue. Mais tous ces crétins ne vont même pas y penser.

Autour de moi la haine et la terreur sont palpables. Je regrette d’avoir distribué toutes ces promotions ; la moindre de mes collaboratrices est cadre et maintenant ils me chient tous dans les bottes. A 18 heures, quand je commence à bosser, ils sont tous partis. Il ne me reste plus que les congés pour faire pression. Ils n’ont pas fini de déguster, et d’ailleurs ils dégustent déjà, c’est pour ça qu’ils me détestent. Ils tremblent quand ils ont une question à me poser parce que j’ai perdu l’habitude de parler, j’éructe et j’aboie. Quand je hurle des ordres contradictoires, gare à qui osera un regard interrogateur, ou pire, une observation. Alors je me déchaîne, je deviens rouge, je gueule et j’en bave de fureur.

Parfois tout de même, après réflexion, si je sens que je suis allé un peu trop loin, j’essaie de me rattraper et je tente un trait d’humour avec mon terrorisé du moment. Si ce dernier attend une promotion, j’arrive à obtenir un regard plein de gratitude et de soulagement. J’ai du mal avec les cyniques qui n’attendent rien et qui affichent ouvertement leur mépris. Surtout si j’ai besoin d’eux, merde alors. Il me reste heureusement la possibilité de les menacer, je les ferai chier sur leurs congés et sur leurs horaires. Tiens, d’ailleurs je viens de supprimer à mes cadres à la con leur après midi de RTT. Ces crétins ingrats bosseront tous les jours et se taperont une pause déjeuner de deux heures. Et je me fous des syndicats, je paie les élus à grand renfort de promotion.

Il y a des jours où j’arrive à m’abstraire de toute cette haine que j’inspire. Je pioche pour cela dans le vivier de mes 600 salariés où je trouve toujours un gus en mal de promotion. O combien leurs regards admiratifs sont doux à mon ego. Avec de la chance, j’en trouve parmi eux un qui s’occupe des attestations sécu et j’en profite pour en retarder l’établissement et la signature. Ca fera les pieds à tous ces glandeurs en arrêt maladie.

Puis il y a des jours où je doute, où je me sens seul. Et si je n’étais qu’un gros con répugnant et sadique ? Je me repasse en boucle des situations où j’ai senti peser sur moi un regard méprisant mérité. Le seul moyen de me sortir de cette spirale c’est d’inviter à déjeuner une de mes collaboratrices en espérant qu’elle arrivera à restaurer cette image pitoyable que j’ai de moi-même. Je déploie alors des trésors de séduction, je la complimente sur son travail et son importance au sein de la boîte. Si elle est intelligente, toute à sa satisfaction d’être épargnée par mon profond courroux, elle saura manifester assez de respect à mon égard pour que je m’en sente flatté.

Mais je dois être prudent, la dernière que j’ai invitée à cet effet m’a demandé si je ne me fatiguais pas moi-même avec mes colères. Elle m’a éclaté de rire au nez, cette hystérique.

C’est une naïve et une vraie conne. Elle le paiera.

samedi 13 juin 2009


Sergueï

C'est pas ma faute si je traîne les pieds quand je marche, j'ai les jambes trop longues.

jeudi 11 juin 2009

J’ai laissé traîner mes zoreilles

Mon PDG, très confus, à une poulette, très désorientée :

C’est pas possible, faut toujours tout vérifier ma parole, quand je dis faut en faire UN pour les deux, c’est UN pour les deux. Et comme yen a deux, donc tu réfléchis pas, t’en fais deux.

Une directrice dyslexique, vexée d’être traitée comme un sous-fifre et qui a besoin d’être coachée :

Impossible de prendre le bus, il était bombé.

Je lui ai dit que j’en avais marre qu’il me traite comme un soutif.

L’avenir, c’est le scotching.

Ma Princesse, devant la télé :

Bouh, qu’il est moche celui-là, on dirait qu’il est mort.

Ma Princesse, d’humeur rebelle :

J’ai dit à la prof que je n’irai plus à ses cours, qu’elle était trop nulle. J’ai le droit, hein maman, c’est la fin de l’année?

Un poète malgré lui :

La caissière est malade, elle attrapé une rose à plaques, c’est grave, ça?

Mon PDG super-classe, à un directeur arrivant la bouche en cœur :

Il fait chier celui-là, il arrive en retard et la bite en fleur.

mercredi 10 juin 2009

Rugnons

Vous êtes une dizaine à sortir d'une réunion où l'objectif était de rédiger le projet de la boîte. Comme d'habitude, le PDG a travaillé tout seul, refaisant et défaisant dans la plus grande confusion le travail entrepris dans de précédentes réunions. Tout le monde a pris l’habitude de rêvasser en prenant l’air concentré. Quand les présents émettent une suggestion, ils se font rabrouer : «oh ça va hein, on va pas tout refaire». Quand ils ne disent rien il crie tel un maquignon « OOOOOH, vous dormez ou quoi ? ».

Devant tant de vaine agitation, vous vous demandez comment un tel cirque peut un jour aboutir à un résultat.

lundi 8 juin 2009

Infovrac

Un des objectifs de ce blog était de tenir Sergueï informé de ce qui se passait dans le secteur quand il est en vadrouille entre Limoges et Grenoble en passant par Rennes, et d'éviter de lui donner les infos en vrac quand il rentre. Surtout qu'il faut attendre au moins 2 heures avant de lui parler, avant, il plane, il n'écoute rien. Le problème c'est que le soir, il préfère regarder Les Experts ou la Nouvelle Star plutôt que mes zistoires.

Demain, Caro passe une épreuve du bac. J'appréhende terriblement de lui demander de penser à prendre ses papiers d'identité... elle va faire : pffffffffff, bien sûr. N'empêche je vais être obligée de le lui demander pour les 7 épreuves, au cas où ... on a un copain qui a fait un malaise cardiaque en repartant chercher les papiers que son fils avait oubliés. Elle va donc me prendre pour une demeurée super-pénible jusqu'à la fin du mois ; il faut que je m'y fasse mais ça me fiche le bourdon.

Aujourd'hui, mon PDG était d'une humeur massacrante parce que quelqu'un de haut placé lui a fait remarquer qu'il devait être content, depuis qu'il a viré le DG, il a tous les pouvoirs. Il préfère qu'on lui dise qu'il est dieu, il n'y voit aucune ironie.

Malgré tout, c'est une bonne journée, on est allées chercher le linge sec sur la terrasse 15 secondes avant le super orage.

dimanche 7 juin 2009

Banc public

- Lui (jeune homme d'environ 23 ans) : Bonjour madame, c'est dommage que je n'aie pas mon appareil photo, parce qu'avec votre robe rouge et les fleurs derrière, c'est très joli à regarder.

Précisons que vous avez bientôt 50 ans, que vous êtes petite, ordinaire, vous portez des lunettes et vous n'avez pas du tout l'air d'une dame riche. Vous marmonnez un merci distrait, vaguement soulagée qu'il ne soit pas venu vous taper 1 euro «à dépanner» comme ils disent, et replongez dans votre bouquin.

- Lui : on pourrait peut-être se revoir ?

- Vous (revêche) : ben non, je suis mariée et j'ai 3 enfants, dont un de votre âge

- Lui : et alors ? Vous savez, l'un n'empêche pas l'autre ...

- Vous : ben si, justement.

Puis vous partez, résistant à l'envie de lui faire la morale, et cherchant du regard ses copains avec qui il avait fait un pari, mais ils étaient bien cachés. Peut-être que votre casquette et votre rouge à lèvres lui ont fait croire que vous étiez une star incognito. Madonna ?

vendredi 5 juin 2009

Ma Princesse

Ma fille passe son bac dans 4 jours. Ce soir elle est partie à une fête habillée en princesse blanche et rose, comme si elle avait 4 ans. Au lieu de lui demander de ne pas rentrer trop tard (c'est une consigne qui manque de précision et j'ai l'habitude de me faire avoir : oui oui, je rentre pas trop tard, c'est à dire qu'elle rentre n'importe quand), je lui ai demandé de rentrer à minuit.

Dans la soirée, je reçois un sms : «j'ai oublié m clés, jdor ché Aïda, el me ramèn demin mat. à 8h30»

J'ai passé une demi-heure à me demander s'il fallait lui rappeler que je partais travailler à 8h, elle qui me reproche de toujours penser à tout. Pendant cette demi-heure, j'ai oscillé entre ;

. la culpabilité de l'imaginer désemparée devant la porte close toute la journée

. la satisfaction de l'imaginer se dire qu'une mère qui ne pense à rien c'est pire (peut-être) qu'une mère qui pense à tout (on peut toujours rêver)

. l'irritation qu'elle me prenne pour une quiche

Elle a du hériter du gène maternel parce que je reçois un deuxième sms : «je sré là avt ketu part, à 8h-kar, t'inkt pa».

Ptet kun jour, ellora 1 fy ki lui dira kellè pénibl de tjs pensé à tou.

jeudi 4 juin 2009

F.R.I.

A la tribune, votre PDG et sa Secrétaire Générale forment un beau tableau. Lui : une sorte de Père Ubu au ventre proéminent. Elle : la sorcière de Blanche-Neige. La salle est peinte en vert et donne un air glauque à l'assemblée. Ubu anime la réunion comme un acteur de théatre, sauf que chaque fois qu'il se lève il vérifie sa braguette et décolle son caleçon qui lui colle aux fesses, il a toujours trop chaud. Au bout de 2 heures, votre attention se relâche, et les mots se mettent à entrer dans vos oreilles séparément sans former de phrases, vous continuez cependant à prendre des notes, histoire d'avoir l'air concentrée.

Quand votre PDG commence à parler de F.R.I., vous écrivez sur votre feuille «efferie ... féérie». Vous vous apprêtez à dessiner des petites fleurs quand la chef comptable assise à côté vous glisse sa feuille où elle a écrit en gros : Fonds de Roulement d'Investissement. C'était fait avec gentillesse et vous souriez avec délice en songeant à la petite histoire que vous écrirez ce soir.

mercredi 3 juin 2009

Excuses

En décrochant votre téléphone, vous entendez d’emblée l’irritation du monstre. Il vous cherche noise, s'empare du prétexte le plus anodin et fait preuve d'une parfaite mauvaise foi. Vous allez chercher très profond en vous les ressources qui vous permettront de ne laisser transparaître aucune ironie, aucune impatience. Pour le cas qu’il en a fait, si vous aviez su, vous lui auriez dit d'emblée «c’est exprès pour vous emmerder».

Ce n'est pas possible, avez-vous pensé tout haut ? Pourquoi se met-il à hurler : tu te fous de ma gueule, de toutes façons, je peux rien te dire … tu te rends pas compte de l’incidence d’une telle erreur … et crescendo jusqu’à vous raccrocher au nez.

Un crocodile serre votre estomac, vous cherchez à comprendre mais pas le temps, votre téléphone sonne à nouveau. Le monstre a trouvé qu’il avait raccroché trop vite, sans avoir eu le temps de vomir assez de couleuvres et il vous ressert ce qu’il hurle à chaque fois à l'un ou à l'autre.

Depuis quelques temps, vous n'arrivez plus à réagir à cette agressivité par un silence total. Et vous savez par expérience qu’il ne va pas cesser de répéter la même chose, il lui est arrivé de vous appeler 10 à 15 fois dans la même journée. Vous prenez le crocodile par les crocs et lui dites de cesser de vous prendre pour une conne (reprenant son expression) lui demandez si ce qu’il veut c’est vous entendre dire d'une voix niaise « oh, mille excuses M. Le PDG, de vous avoir fait lire deux fois le même document … » et ça le fait disjoncter, il ne sait plus ce qu’il dit, le ton monte encore plus et il manque d'arguments, ce qui donne : me fais pas chier, j’ai mal au dos, etc.

Un instant vous cherchez ce qui pourrait le faire disjoncter vraiment, genre infarctus ou AVC et vous apprêtez à lui dire que si ça lui chante, il peut se mettre le document dans son gros cul plein d’hémorroïdes (il lui est arrivé de vous faire ce genre de confidences, beurk), mais il a du le sentir et vous raccroche au nez.

Vous décidez de ne plus décrocher le téléphone, et quand il rappelle (5 ou 6 fois en une heure), vos collègues vous disent aux toilettes, au téléphone, à la photocopieuse. Il demande que vous le rappeliez, vous n’en faites rien. Lors de son dernier appel, une de vos collègues particulièrement courageuse lui dit enfin que vous refusez de prendre le téléphone. Vous l’entendez hurler votre manque de respect pour lui, le PDG, puis il insiste : passe-la moi, dis-lui au moins que je veux m’excuser. Vous n’en croyez rien, alors vous continuez à refuser de lui parler, en espérant que ses excuses lui resteront longtemps en travers de la gorge.

Quelques jours ou trois mois plus tard (ça dépend du temps qu'il a mis à digérer ses excuses), il rappelle une de vos collègues pour mettre au point un repas de réconciliation, pendant lequel il lui est déjà arrivé de verser quelques larmes (sisi c'est vrai, je le jure).

Ce genre de scène se reproduit régulièrement, avec différentes poulettes, c'est dingue quand on y pense.

mardi 2 juin 2009


Fernand Craignos

Le plus grand défaut de Sergueï est d'aimer Fernand Craignos. En plus, si j'essaie de m'intéresser et que je pose une question (qui a marqué le but?), il me reproche ma capacité de concentration de poisson rouge.