Je me suis enfin décidée à entrer dans un magasin pour les sourdes oreilles et en suis ressortie avec un dossier sur lequel est écrit en gros un truc du genre : Audition Santé. Ils auraient pu faire plus discret mais bon, j'assume (enfin presque).

En traversant le pont, une voix me dit : "bonjour madame, vous êtes charmante, on peut venir avec vous?".

Comme je l'ai raconté dans ma zistoire du 7/6/09, je suis une petite à lunettes, de bientôt 50 ans et le dossier de sourdingue à la main devait ajouter du glamour (c'est comme ça qu'on dit maintenant).

J'éclate de rire au nez de deux grands jeunes hommes ahuris : "n'importe quoi, hein !". Le plus déluré me répond : "non ? ben tant pis, vous ratez quelque chose".

En tout cas, j'ai un peu honte mais ça m'a remonté le moral.

 

Grâce à Sylla qui m'a expliqué avec patience qu'il n'y a rien de plus agaçant qu'une mère qui pense à tout et qui te donne quinze conseils à la minute, j'arrive à me retenir.

Quand même, des fois, je n'y arrive pas.

Et ça me vaut le regard courroucé ZX32 de ma princesse qui fout la trouille.

 

(Indy, si tu savais où j'ai retrouvé ce dessin...)

 

Ce matin, ma princesse était bien triste. Elle a raté son permis de conduire. 

 

Elle avait dit que si ça marchait, elle se baignait toute nue dans la fontaine de la place Dupuy. On a donc évité la peste, le choléra et la pécole, ouf.

Ca me fait penser à un médicament que j'ai pris un jour, et dont un des effets secondaires possibles était le brusque décollement de toute la peau du corps.

Tu imagines ça ?
 

Autant te dire que j'ai guetté la moindre boursouflure de ma peau du corps avec attention pendant toute la durée du traitement.

 

C'est la grève ...

 Sergueï ne pourra sans doute pas rentrer de Paris jeudi soir, merdalors.

* * *

Vous souhaitez obtenir quelque chose de Jacques mais il ne veut rien entendre et il est plus grand et fort que vous. Heureusement, il a un petit frère : Paul.

Vous allez donc harceler Paul le temps qu'il faudra pour faire céder Jacques.

Sans vous sentir coupable. Sans rien y voir d'immoral.

Je trouve que vous manquez cruellement d'imagination.

 

Avec Sergueï, on a l'habitude de n'être d'accord sur rien. C'est fou le temps que ça prend avant de prendre une décision. La moindre couleur de peinture, le moindre endroit où poser une étagère donne lieu à des négociations sans fin.

Pendant longtemps, on a trouvé des compromis ; ce qui, il faut bien en convenir, présente l'inconvénient de ne satisfaire aucun des deux à 100%.

Comme je suis la moins têtue-bornée des deux, je continue à négocier juste pour la forme, parce que sinon, ça ne l'amuse pas. Puis je finis par trouver qu'il a raison, c'est beaucoup moins fatigant.

Des fois, je finis par être très contente de son choix, comme l'autre jour où j'ai réalisé en rentrant à la maison, que la voiture qu'on avait achetée était assortie à mon parapluie.

 

 

Une histoire sans queue ni tête

Ma quinzaine de lecteurs réguliers prend mes histoires comme elles viennent, des fois c'est drôle, d'autres fois moins.

Et puis il y a mon père, grand sceptique, inquiet et protecteur, que j'ai régulièrement au téléphone :
- Mais si, papa, c'est vrai de vrai, je te jure, je n'invente rien...
- Mais non papa, je ne suis pas dingue...
- Non papa, pas la peine de venir avec ton fusil, je me débrouille très bien avec zbb, je t'assure...

Il y a Indy qui ne doute jamais, pour la bonne raison qu'il lui arrive régulièrement des histoires encore plus drôles avec des mouches, des serpents, des frelons ou des loirs.

Et puis Sylla qui m'a envoyé pendant toute l'année 2009 des mails pour me dire qu'elle pensait à moi, et même que ça m'a fait beaucoup de bien.

Et puis B. qui découvre mon drôle de monde avec "éberluement".

Et puis Ftul toujours un peu agaçant avec ses raisonnements de psy.

Et puis le paysan heureux qui me prête ses belles photos et qui m'envoie régulièrement des sourires qui me font plaisir.

Et puis ma soeur Véro qui rit très fort  : JAJAJAJAJAJA. Mon autre soeur Isa n'aime pas lire, c'est bête, hein ?

Et puis Sergueï que je dois presque supplier pour qu'il me lise, tellement mes histoires avec zbb ou les mars glacés le mettaient en rogne (c'est fini, tu sais).

Et puis il y a, bien sûr, ma lectrice la plus assidue, discrète, exigeante et sans concessions :
- Cette histoire-là, j'ai pas compris, c'est même pas drôle
- C'est trop long, j'aime pas

Félicitations, princesse, bravo de faire partie des 28% qui ont réussi leur semestre.
Tu vales mucho, nena, no lo dudes.

 

Je déteste qu'on m'appelle "ma louloutte".

 

Et quand j'ai dit à ma collègue : "non, arrête avec ça, je suis pas ta louloutte", je devais avoir l'air bien hargneux parce qu'elle a eu les larmes aux yeux.

Elle va pas bien, celle-là (QI 140 paraît-il) !

 

Cui cui cui

 

En trois mois j'ai entendu trois personnes parler de leur QI supérieur à 130. Tu es censé dire quoi ? Ah ben t'en as de la chance, moi je dois avoir 80 et en plus ça ne s'arrange pas avec l'âge.

C'est un signe de bêtise je trouve moi, de le dire.

Sauf quand c'est notre ami Pierre qui nous annonce qu'il a 180 de QI, et qu'il précise que c'est lui qui a fabriqué le test.

Là, c'est drôle.

 

 

Maxence, c'est l'amoureux de Caroline.

Il garde sur lui deux jeux de clés de sa voiture. Parce qu'il lui arrive de sortir de sa voiture, de fermer tous les verrous mais en ayant oublié la voiture en marche avec la clé sur le contact. Comme il a la deuxième clé dans la poche, il peut rouvrir, c'est pratique.

Il a l'air normal et tout d'un coup il peut dire un truc du genre : "tu te rends compte, ils changent le coef des électifs qui à la base devaient servir que pour des ECST et ils l'ont mis en coef 8".
Avec Sergueï on ne comprend rien.

Il est d'un optimisme contagieux et pragmatique. Alors que ma princesse était fort découragée par son prof de td a qui annoncé en cours que 60% des étudiants avaient raté leur semestre, il l'a réconfortée :
"Ne t'en fais, ceux qui ont raté, c'est 10% de branleurs, 20% de cruches et 30% de désintéressés et tu ne fais pas partie de ceux-là".

Et puis il est prévoyant, il a déjà acheté le cadeau pour offrir aux grands-parents de Caroline cet été.

Ce soir, ils sont tous les deux venus dîner mais il fallait partir pas trop tard parce qu'ils avaient un apéro. Normalement, l'apéro, c'est plutôt avant le repas, non ?

En tout cas, ils nous ont bien fait rigoler.

 

 

Chut' dans le métro

Je me presse sur le quai parce que la rame arrive, m'arrête devant la porte pour laisser descendre les passagers et j'entends "viiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiite - plonk" puis je sens une pichenette de papillon dans le dos, me retourne et vois une jeune fille les quatre fers en l'air à moitié assommée.

Je l'aide à se relever, puis réalise qu'elle courait derrière moi, s'est cognée à mon dos quand je me suis arrêtée et est tombée à la renverse.

Quand même, je mesure 1 mètre 56 et je pèse 48 kilos et je n'ai pourtant rien senti, il a raison Sergueï, je suis dense.

 

Quand il faut mais qu'on n'a pas envie, on devrait avoir le choix

Jean-Claude vient voir ma collègue de bureau Iléhou. Elle n'est pas là, elle porte bien son nom, enfin presque, il faudrait l'appeler elléhou. Il a l'air inquiet et ne bouge pas du bureau alors je lui demande s'il veut quelque chose Jean-Claude, avec un sourire gentil.

- cet après-midi je ne suis pas là
- ah bon, d'accord, je laisserai un mot à Iléhou
- on va opérer ma boule de graisse
- mince alors (ça s'opère la boule de graisse? JC est plutôt dodu mais quand même), et tu voulais mettre Iléhou au courant, c'est ça?
- oh mais elle le sait, j'ai pas trop envie mais quand il faut il faut
- oui, comme tu dis
- ...        (JC est figé au garde à vous)
- tu sais, on s'est tous fait opérer un jour, une boule de graisse ce n'est pas très grave,  je suis sûre que ça se passera bien pour toi
- de toutes façons, quand il faut il faut, j'espère qu'ils vont être gentils avec moi à la clinique
- bien sûr, ils sont toujours gentils, ils sont là pour te soigner
- tu vois ma boule de graisse, là (telle une balle de ping pong derrière l'oreille gauche) ? Ben Machin, il en a deux là (au sommet du crâne).
- ah bon, c'est drôle ça, et il va aussi se les faire enlever ?
- je sais pas, quand il faut il faut
- en tout cas, je te promets que demain matin, avec Iléhou on pensera à toi.
- et pourquoi ?
- ben pour te donner du courage
- ça va me donner du courage ?
- j'espère en tout cas (et je tente un grand sourire encourageant)

Jean-Claude me rend un sourire rapide pour me faire plaisir, pour me faire croire que je suis arrivée à le rassurer, et s'en va.

Quand il faut mais qu'on n'a pas envie, on devrait avoir le choix.

Mes voisins sont gentils

M. Conchello est venu relever les compteurs d'eau, c'est lui qui s'y colle tous les ans et au passage, il vérifie la cohérence de la consommation. Tous les ans il me dit avec consternation que nous sommes les plus gros consommateurs d'eau de l'immeuble. Cette année, il était tout fier de m'annoncer que nous avons diminué de manière très significative notre consommation.

Ben oui, je lui ai répondu, notre Princesse est partie prendre ses deux douches quotidiennes chez son amoureux.

Ce soir en sortant de l'ascenseur, Mme Piques m'interroge : je ne vois plus votre fille, tout va bien pour elle, les études et le reste ? Je lui réponds qu'elle est partie habiter chez son amoureux, qu'elle travaille le midi dans une crêperie et que la fac ça a l'air d'aller. Elle me répond de sa voix douce : oh mais c'est extraordinaire, vous en avez de la chance, une fille si jolie, si sympathique et qui se débrouille si bien, vous auriez pu en avoir dix comme ça !

Et depuis, au risque de pulvériser tous les records du monde en matière de consommation d'eau, je me plais à imaginer dix princesses Caroline autour de moi, et je trouve ça plutôt chouette.

Le Club des Cinq

Avant, j'avais dévoré les contes de Perrault, Andersen, Grimm, les fables de La Fontaine et les autres ... mais mes premières lectures de livres de poche avec de petites lettres, c'était le Club des Cinq. Avec les copains à Marcilly en Gault, on se mettait en scène et tout y était : les vélos, la cabane éclairée à la bougie, la citronnade, la ferme et le lait tiède, le chien (invisible), l'île (les marécages solognots) et les mystères (l'air louche du charcutier).

Il y a une dizaine d'années, j'ai acheté à ma princesse deux livres de la bibliothèque rose : le Club des Cinq et un Comtesse de Ségur, je ne sais plus lequel. Elle était en plein Harry Potter et j'ai voulu la faire rêver avec Claude, Dag, Annie, Mick et François, mais elle n'a pas dépassé le premier chapitre. Un peu déçue, j'ai entrepris avec nostalgie de les relire.

Mal m'en a pris, Le Club des Cinq  est tout simplement illisible, mal écrit ou mal traduit, je ne sais pas, mais très très indigeste. Idem pour le Comtesse de Ségur, sauf qu'on ne peut pas remettre en cause le traducteur.

Il faut croire que j'avais mauvais goût.

 

Hier après-midi au boulot, on m'interpelle dans le couloir : "Bonjour madame Rosana".

C'est le monsieur à qui j'ai acheté il y a quelques mois la Twingo pour le boulot. Je suis étonnée qu'il s'en souvienne et comme je ne sais plus son nom et que je suis maline,  je lui réponds avec assurance:

- Bonjour monsieur Citroën, j'imagine que vous venez pour remplacer les camions qui ont brûlé

- Oui, tout juste, j'ai rendez-vous avec le directeur

Puis je me souviens que Sergueï m'a dit qu'il était temps de changer de voiture, alors je lui demande si je peux venir le voir pour essayer les C3 que je trouve jolies, tout ça...

- Bien sûr madame Rosana, vous avez mon numéro, appelez-moi, on prendra rendez-vous et je vous ferai une proposition intéressante

Ce n'est que quelques heures après que j'ai réalisé que c'était le vendeur de chez Renault.

Il est bête, hein, il s'est laissé appeler M. Citroën et il m'a dit qu'il me proposerait un bon prix pour une C3.
Et puis surtout, il a du me trouver plutôt ahurie. Qu'est-ce que je fais, je l'appelle ?

 

Je ne crois pas en dieu depuis longtemps. D'habitude.
 

Pourtant l'autre jour, sur l'autoroute, assise à l'arrière de la voiture conduite-accompagnée par Caroline, je lui ai adressé une prière :
 

"Notre Père qui es aux cieux, s'il te plaît, protège-nous de tous ces camions qui nous frôlent, de ces tarés qui nous doublent par la droite ou nous collent aux pare-chocs, d'une crevaison de pneu, d'un aqua-planing, fais cesser la pluie, fais-nous arriver vite à la frontière ..."
 

C'est fou ce que ça me stresse la conduite accompagnée.
 

Pardon ma Princesse, tu conduis très bien.

 

 

 

Hier soir, pour aller chez P&B, j'ai pris le métro :

- madame, tu m'écrases le pied
- oh pardon jeune homme
- ouaichelautre eh ! comment elle appelle momo jeune homme !!!
- ben oui, c'est pas une chaise, c'est pas un sac à main, c'est bien un jeune homme
- ouaf ouaf ouaf momo-le-sac-à-main, ouaf ouaf ouaf
- ah ben non hein, j'ai dit jeune homme, je ne pouvais pas dire momo, je ne savais pas son nom, pardon momo
- ouaiche madame, c'est plus marrant de l'appeler sac à main, ouaf ouaf

Je pourrais jurer que j'ai vu le grand Momo devenir tout rouge sous sa belle peau noire pendant que tous ses potes se marraient.

Mes collègues de banlieue toulousaine n'osent pas prendre le métro... elles ont tort, on rigole bien.

 

Indy est en forme

URGENT AFFAIRE DU SIECLE : VENDS SPLENDIDE COFFRET "LES VAMPS" CINQ (5) DVD EN PARFAIT ETAT DE MARCHE/NEUF/JAMAIS OUVERT. PRIX SACRIFIE.
HILARANT!!!!!
 
Ben ouais, ma belle soeur m'en a fait cadeau pour Noël et je sais pas comment m'en débarrasser.  Peut être qu'en allant à la Fnac le déposer discrètement sur un tas d'autres dvd des vamps, ils me diraient rien?  C'est pas du vol..... C'est même le contraire...

...en d'autre temps cela aurait pu être pris comme une offense et donner lieu à un duel à fleuret non moucheté....avec mort à l'appui...

J'essaie d'imaginer ce qui peut traverser l'esprit de quelqu'un qui serait capable de croire me faire plaisir en m'offrant un coffret des "Vamps'....et je n'y arrive pas ...
je n'ose pas imaginer que ce cadeau ait pu sciemment m'être destiné...il s'agit bien évidemment d'une horrible méprise...quelqu'un quelque part, à un moment précis a subtilisé le cadeau qui m'était destiné et a mis celui ci à la place....oui, c'est cela....ça ne peut être que cela....

8H45Mn env. c'est la durée qui est indiquée sur le DVD.
 La vie est si précieuse : qui serait à ce point fou pour gaspiller 8H45Mn env. de sa vie à regarder les Vamps???

Le pack (c'est un pack) des cinq (5) DVD est là, sur  la commode, coté pile...c ôté face, non, c'est trop horrible.... tu te souviens, tu gardes sûrement en mémoire une image des vamps, affreux, c'est affreux. Et bien c'est encore pire que ça en vérité, à chaque fois que je tombe dessus je me dit : "Mon Dieu, mais c'est encore pire que dans mon souvenir..."
Puissé-je oublier et ne plus me souvenir... Tout ceci est un cauchemar dont je vais m'éveiller....

Ah, vivre dans un monde où l'on ne m'aurait pas fait ce cadeau...

Mieux , même : me réveiller dans un monde où les vamps n'existent pas, où elles n'ont jamais existé....

Que faire??

 Le corbeau

 

Vous êtes une grosse jeune femme geignarde. On vous voit marcher dans la rue comme une limace fatiguée en traînant votre fils et ses grands yeux tristes. Vous occupez des petits boulots en contrats aidés dans diverses administrations, sans jamais dépasser quelques semaines. Vous êtes en retard un jour et malade le lendemain.

Vous faites garder votre fils par une vieille dame de votre quartier, une nounou pas déclarée. Vous ne la payez pas et elle ne réclame rien. Vous lui faites pitié et il va s'écouler plus d'une année avant qu'elle arrive à dire que c'est terminé, elle ne garde plus votre fils. Quelques jours plus tard, elle est dénoncée au conseil général par lettre anonyme.

Quelques années après, au gré d'une séance de psychothérapie, il apparaît que votre fils a subi des maltraitances de la part de cette vieille dame : elle l'a menacé de lui faire manger son vomi. C'est vrai, ce n'est pas super comme menace mais ce qui l'est encore moins, c'est que vous avez immédiatement porté plainte et qu'une vieille dame de 78 ans s'est retrouvée à passer une nuit en garde à vue au poste de police. Elle a ensuite été blanchie, mais rien ne lui enlèvera cette nuit dans la cellule.

Le fait que vous soyez fille de policier a contribué sans aucun doute à activer le zèle des collègues de votre père.

Ce n'est pas vous qui me faites pitié, avec votre regard torve et buté de corbeau, mais votre fils. Comment s'en sort-il avec une mère comme vous et un grand-père policier ? Combien d'années encore de psychanalyse ?

Ce matin, réunion de cadres et chefs de services.

Ni cadre ni chef de service mais convoquée à cette réunion. Pour quoi y faire ?

Sans doute la même chose que ce cormoran que je vois depuis des semaines perché sur le platane en face de chez moi : regarder s'agiter les canards.