jeudi 9 juillet 2009


Je suis devenu un ringard - épisode 2

(il faut d'abord lire l'épisode 1 de la veille, sinon on ne comprend rien)

La Cranquette : un petit restau du bord de mer avec les menus écrits à la craie sur des tableaux noirs où je déjeune avec mes sbires. En attendant que tout le monde choisisse, je lis les tableaux et, ô jubilation extrême, je vois une faute ! Voilà donc l'occasion d’organiser un jeu (je vous l’ai dit, je suis un meneur d’hommes). J’attends qu’on vienne prendre la commande et de ma voix la plus grasse vibrante d’excitation, je lance à la cantonade : « il y a une erreur sur le menu, voyons si vous arrivez à trouver ».

Le patron me regarde d’un air las, il faut dire que je suis venu dîner la veille au soir et ce con avait mis trop de sel, j’ai bien essayé d’amener l’équipe dans un autre resto mais c’est le seul ouvert, alors en arrivant tout à l’heure je lui ai dit qu’aujourd’hui il ne fallait pas mettre autant de sel. Il m’a répondu que j’avais pris du poisson mariné au soja et que la sauce soja c’est salé, forcément. J’ai bien vu que ma collaboratrice cousine du patron avait l’air embarrassé.

Enfin, en attendant, personne ne trouve la faute alors, tout content d’être le seul à l’avoir vue (c’est pas pour rien que je suis le chef) je livre la solution à mon équipe impatiente : sur une ardoise il est écrit « tellines » et sur l’autre « tenilles » aaaah ! Mais ma victoire n’impressionne personne, et je suis même obligé de me ratatiner un peu un quand le cuistot, que d’ailleurs personne n’avait sonné, explique d’un ton irrité depuis son comptoir que ce n’est pas une erreur, qu’on emploie les deux.

Petite parenthèse de Rosana, (moi), qui suis la 7ème personne qui fait la gueule et dont on parle à l'épisode 1 : il y avait entre autres deux fantaisies au menu : de la « sangrilla » à l’apéritif, et un cassoulet de « sèche ». La poésie de l'orthographe m’a fait sourire mais je trouve l’exercice très grossier et en plus je fais la gueule alors je n’ai rien dit.

Je recommande une dernière fois de ne pas trop saler le poisson et repasse vite à autre chose en évitant le regard noir du cuistot. Mon sujet préféré : la ringardise de mes collaborateurs absents, j’étale leurs petits travers, leurs faiblesses …

Quand mon cassoulet à la seiche arrive, je resale mon assiette discrètement. En fait je peux être tranquille, la seule qui aurait osé ricaner est occupée à faire la gueule et à regarder dehors. Comme je n’ai pas de mayonnaise dans mon assiette, je trempe un morceau de pain dans l’assiette de ma voisine qui n’ose rien dire (normal, je suis son patron et en plus c’est ma femme). A la maison elle me traiterait de gros porc, alors là j’en profite.

Pour empêcher l’ambiance d’être trop tendue chacun y met un peu du sien (sauf l’autre idiote qui regarde encore dehors). Et je raconte des conneries sur la gestion du ramassage des ordures dans ma commune. L’équipe est à mes petits soins et fait tourner la conversation autour de moi. Je suis un peu excité par l’après-midi qui m’attend et qui va me permettre, je l’espère, de briller auprès de mes 55 employés.

... la suite au prochain épisode, sinon c'est trop long et sergio n'aime pas ...


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