jeudi 30 juin 2011

Marcel

Marcel est le clochard du quartier. Il salue les passants tous les jours avec bonne humeur. Ce matin, je l'ai vu en colère, dans la queue du Lidl.

Il avait posé deux cannettes de bière sur le tapis de la caisse quand la dame qui le précédait lui a dit : "Vous feriez mieux de boire de la limonade".

Il a alors tapé un grand coup sur le tapis : "Dis-donc, je bois ce que je veux et je t'emmerde"

La dame a attrapé les cannettes et a exigé des excuses.

Marcel a répondu avec une grosse voix éraillée qu'elle pouvait se mettre les excuses dans son cul.

Un monsieur est intervenu et tout est rentré dans l'ordre.

J'ai alors posé mes deux boîtes de glace et mes plaquettes de chocolat sur le tapis et lancé à la cantonade :

"Je n'aimerais pas que la dame me dise que je ferais mieux de manger des haricots verts"

Ca a détendu l'atmosphère, Marcel était tout content, et moi aussi.

mercredi 22 juin 2011

La fin des haricots

Ce soir je me suis filmée en train de jouer de la guitare.

Mazette, ça vaut le coup d'oeil (à défaut du coup d'oreille).

Je joue comme si j'étais une institutrice de CP qui racontait une histoire à ses élèves : très appliquée, très concernée, très précise, très articulée...

Evidemment, c'était aussi très moche et très ridicule.

Comment je vais faire, maintenant ?

mercredi 15 juin 2011

Tchip

L'hiver 1985 a été très froid. Tchip était très frileuse et n'appréciait pas que je baisse le chauffage avant d'aller me coucher. Pour se venger, au milieu de la nuit, elle venait se coucher sur mon cou, mettait son nez sur le mien pour respirer mon air chaud et ronronnait très fort.

Je me réveillais complètement oppressée avec le cauchemar d'être poursuivie par un camion. 

Des fois, c'était pire. Elle se glissait sous ma couette et au moindre de mes mouvements, elle m'attaquait sauvagement comme si j'avais été une souris.

Heureusement, je gardais mes chaussettes.

mardi 14 juin 2011

Insectes

Avec mon ami Prudence Petipas, quand on se promène dans la campagne, on a chacun un petit nuage de moucherons au-dessus de la tête et qui nous suit partout.
Les autres, les pauvres n'ont rien du tout, ils ne doivent pas sentir la rose.

Avec Prudence, quand on fait la sieste dans le jardin, on se fait piquer par des bêtes.
Les autres ne se font pas piquer, les pauvres, ils ne savent pas faire la sieste.

mercredi 8 juin 2011

No regrets

G., le directeur technique et commercial de ma boîte est un gougnafier, un parfait malotru, du style à manger en face de toi la bouche ouverte ou à se curer les dents avec un post-it qu'il te pose ensuite sur le bureau.

Nous entretenons des rapports plutôt tièdes.

Ce matin, il m'a surprise. Alors que je fouillais en vain mes poches pour mettre des pièces dans la machine à café, il a couru m'en chercher dans sa voiture.

Du coup, je regrette un peu moins de lui avoir sauvé la vie il y a quelques années, en lui mettant une grande beigne dans le dos alors qu'il faisait une fausse route alimentaire carabinée.


mardi 7 juin 2011

Genoux


En rentrant du boulot ce soir, j'ai entendu à la radio un parfumeur faire la recommandation suivante :

"En cas de tristesse ou de déprime, au lieu d'allumer une cigarette de prendre un cachet ou de boire un coup, passez-vous la main sous l'aisselle et sentez. Vous vous retrouverez et cela ira tout de suite mieux ""

Personnellement, sans savoir que c'était pour me retrouver, et du plus loin que je me souvienne, j'adore l'odeur de mes genoux. Et aussi de mes bras, là où le duvet devient blond l'été.

C'est un mélange de grenier à blé, de chaux et de sable. C'est la même odeur depuis mes sept ans et elle résiste à toutes les savonnettes.

 Si j'étais Proust, je raconterais ça drôlement mieux.


lundi 6 juin 2011

Tchip

Quand j'ai connu Sergueï, il n'aimait pas les chats. Résultat : son appartement était le seul du quartier où mon chat n'avait pas le droit d'entrer.

Et celui où toutes les souris du voisinage se donnaient rendez-vous.

Sergueï aimait encore moins les souris que les chats. Je me souviens d'une soirée à chercher Tchip (mon chat, en fait une petite chatte écaille de tortue) partout dans le quartier.

Tchip n'étant pas rancunière, elle a tout de suite adoré Sergueï et passé chez lui le plus clair de son temps, y chassant toutes les souris. Et pour le remercier de ce magnifique terrain de jeux, elle lui ramenait régulièrement des pigeons morts sur sa moquette.