jeudi 26 janvier 2012

Cirque

Quand ma grand-mère nous a amenées au cirque, c'était au premier rang. Je n'ai jamais oublié : les collants filés d'une trapéziste, le costume élimé de l'autre, le regard triste du clown, le geste méchant du magicien envers son assistant, le pelage mité des chevaux ...

Mais quel genre de petite fille étais-je donc ?

J'entends d'ici mon père répondre : casse-pieds.

lundi 23 janvier 2012

Souriez, vous êtes rue Sainte Anne

La rue Saint Anne mène à la Préfecture. On y croise souvent des gens à l'air inquiet et préoccupé, sans doute par la perspective des heures d'attente au guichet.

Ce matin, j'y ai croisé une dizaine de personnes joyeuses.

Devant la Préfecture il y avait un monsieur, d'une quarantaine d'années, très sérieux et habillé d'une robe plissée en velours bleu marine. A ses pieds, des chaussures de randonnée et un panneau :

"Entrez et sortez de la préfecture avec le sourire. Pari gagné ?"

C'est drôle, il ne faisait même pas la manche.

vendredi 20 janvier 2012

Pensée bête et gentille

Il est très étonnant de travailler avec des éducateurs, psychologues, assistantes sociales et autres travailleurs sociaux (comme ils disent), et les voir communiquer entre eux.

Les uns comme les autres se disent (se croient) rompus aux techniques de communication et de conduite d'entretien, et d'une intelligence rare. Et en fait les réunions sont ponctuées de courbettes ou d'engueulades, au gré de l'ordre du jour, et n'aboutissent à rien.

De temps en temps, en prononçant un mot peu commun, ils regardent l'assistance en espérant que quelqu'un va demander ce que cela signifie. En général, ceux qui ne comprennent pas évitent de la ramener parce qu'à la prochaine réunion, l'anecdote sera racontée : "hahaha, t'imagines, j'ai parlé de notre langage vernaculaire et machin il ne savait même pas ce que ça voulait dire".


Chacun trouve que l'autre est bête, comme si tout relevait de l'intelligence.

Comme si la bonne volonté, l'humanité et le bon sens étaient accessoires.

Si j'étais intelligente et si je voulais influencer le déroulement d'une réunion, je m'arrangerais pour prendre l'air très bête, et très gentille.

Et ça marcherait.






mercredi 18 janvier 2012

Carton

- Rosana, ne le prends pas mal, mais à quel titre tu t’es occupée de ce dossier ?
- Au titre de chargée des projets et développements.
 
Et au lieu d’en rester à cet argument massue, j’en ai rajouté quinze, comme d’habitude,  ce qui peut donner l’impression fâcheuse que je me justifie, et pour gagner le pompon, j’ai ajouté :
 
D’ailleurs, de quoi tu te plains, si je m’en étais pas occupée, tu serais restée avec ton problème sur les bras, alors que là, tout est réglé, c’est plutôt chouette, non ?
 
Ben non, ça n’était pas chouette du tout.
 
Et pendant une heure, ma collègue m’a expliqué (j’abrège) que si le problème n’avait pas été résolu, elle aurait pu cartonner l’autre glandeuse qui ne fout jamais rien.
 
Y’en a qui ont de drôles d’objectifs dans la vie.

lundi 16 janvier 2012

Banco

J’étais étudiante, j’allais quitter le guichet de ma banque quand je me fais interpeller par deux jeunes femmes qui me proposent, je ne sais plus en quels termes exactement, de prendre 200 francs de je ne sais plus quoi, elles m’ont assuré que l’argent n’était pas bloqué, bla bla bla.
Elles avaient l’air gentil alors je les ai crues (j’étais bête).
Quelques semaines plus tard, j’ai eu quelques jours de délai de carence entre mon dépôt d’un chèque de salaire et une dépense. Et donc  un découvert de 10 francs pendant 48 heures, (découvert qui n’aurait pas existé si ces 200 francs étaient restés sur mon compte).
En recevant le courrier recommandé, avec 25 francs de frais de recommandé, 110 francs de frais de gestion et 2,50 francs d’agios, j’ai compris dans quel monde je vivais.
Je me suis rendue à l’agence qui tenait mon compte, et fait un tel cirque, qu’au bout d’une heure, mon compte était clôturé, mes 200 francs récupérés, sans frais de gestion ou autres trucs pourris.
Un de mes meilleurs souvenirs bancaires, c’est ce démarchage commercial de la banque en question, quinze ans plus tard, à qui j’ai répondu : « désolée, mais votre banque n’a pas été sympa quand j’avais un compte d’étudiante alors je n’ai pas du tout envie de vous confier mon compte de salariée ».
(En vrai, j’ai  dit « mes comptes pleins de sous » mais j’ai un peu honte parce que ce n’est pas vrai)  
 
(Je précise que je n'ai absolument rien contre les banquiers gentils, ça existe, j'en connais)

lundi 9 janvier 2012

Première rentrée

Je me souviens de ma première rentrée de maternelle. Avant de franchir la porte, j'étais partagée, perplexe et un peu indifférente.

Et puis on a franchi le seuil pour arriver dans un grand hall où il y avait une sacrée pagaille : plein d'enfants hurlants qui s'accrochaient aux jupes de leurs mères échevelées (oui, c'est étonnant mais j'ai un souvenir très précis de dames mal coiffées). En plus, ça sentait le lait chaud.

Je ne sais plus si j'ai pleuré et hurlé avec eux, mais j'ai eu drôlement peur.

mercredi 4 janvier 2012

Courage ?

Quand mes collègues me disent que je suis courageuse, ça me fiche la trouille.


lundi 2 janvier 2012

Oranges

Les orangers de la casita ont chacun leur personnalité.

Celui du fond est un caractériel qui produit des oranges toutes petites. Il en faut cinq pour faire un verre de jus.

Les oranges de celui du devant sont grosses comme des melons. Des melons français je précise, faut pas exagérer quand même.

L’oranger du milieu fait des oranges normales.

Celui qui à cinquante ans n’a jamais mangé une orange tout juste cueillie a raté sa vie.

(Bonne année !)