mercredi 30 novembre 2011

Vieillissure

Je me croyais insensible aux compliments.

Dans ma boîte on les distribue à la pelle et les refuser me permet bien souvent d'échapper aux nombreuses tentatives de manipulation.

Ce matin, je me suis fait cueillir. Poulet n°1 m'a sollicitée pour un groupe de travail. Quand j'ai émis des doutes sur ma légitimité (en fait, je n'avais pas trop envie de me rajouter du boulot), il m'a convaincue avec un solide argumentaire et quelques compliments bien choisis.

Je me suis fait berner.

Je vieillis.

mardi 29 novembre 2011

Columbo

M. Bl. est un gentil monsieur, un peu gros, rigolo et débonnaire, au regard malicieux. C’est toutefois quelqu’un d’important : un administrateur.
 
 
Il plaisante volontiers avec moi quand on se retrouve dans les mêmes réunions au Siège. Il est passé ce matin dans mon bureau et entre deux plaisanteries, il a glissé qu’il viendrait le 19 janvier prochain pour analyser notre rapport d’évaluation.
 
 
Avec l’impulsivité et le manque de recul qui me caractérise quand je suis un peu stressée, j’ai réagi :

-          ah ben ça ne va pas être possible, pourquoi pas la semaine prochaine tant qu’on y est. Il faut d’abord que je voie avec mon directeur, on n’avait envisagé cela pas avant avril ou mai 2012, c’est quand même lui qui décide hein ?


-          euh, j’ai bien peur que non, Rosana, c’est le DG qui décide. Mais ne vous faites pas de mouron, vous allez pouvoir me raconter ce que vous voulez, je n’y comprends rien, il suffira de nous présenter les trucs dans un joli emballage, on  ne vous cassera pas les pieds. Tenez, je vais même vous dire les points sur lesquels on a prévu de vous chatouiller pour vous permettre de bien préparer notre venue …
 
 
Et il m’a fait un exposé brillant qui m'a laissée bouche bée.
 
 
J’ai pris l’habitude, en 15 ans de boîte, de bosser avec des nigauds qui se croient très intelligents et prennent de grands airs supérieurs. C’est la première fois, que je tombe sur une personne humble, qui dit de lui-même qu’il est un nigaud qui ne comprend rien, et qui me surprend par son intelligence.
 
 
J’ai eu l’impression de passer un moment avec l’inspecteur Columbo.
 
 
M. Bl. était commissaire de police.

vendredi 25 novembre 2011

Tuyaux (la suite)

Mon entreprise de dépannage recrute ses plombiers suivant des critères de taille. Ils sont tous très grands. Personnellement, je ne trouve pas ça très pratique pour se glisser entre les tuyaux.
Celui qui est passé hier était impressionnant. J'ai quand même osé lui demander un service, parce que je n'ai peur de rien :
        En attendant que la chaudière chauffe le radiateur, vous pourriez m'expliquer comment revisser le robinet de la cuisine, et me prêter vos outils ?
        Je peux même y jeter un coup d'oeil, montrez-moi.
        Si vous voulez mais vous ne pourrez pas vous glisser dans le placard sous l'évier.
        Pourquoi ? Vous trouvez que je suis gros ?
        Euh, non-non, c'est le placard qui est très petit, même moi j'ai du mal.
 
Il était très grand et très gros (et aussi très vilain et très sale), mais très souple. Et plutôt gentil parce qu'il m'a montré comment faire et l'outil à utiliser.

Encore deux ou trois tuyaux (héhé) et je me lance.

jeudi 24 novembre 2011

Tuyaux

J'aurais aimé être plombier. Ca me fascine tous ces tuyaux de circulation de l'eau. Et puis ça m'aurait évité d'avoir affaire à eux en cas de problème. Je les trouve en général incroyablement peu dégourdis.

Quand le plombier arrive chez moi, j'essaie d'être gentille pour qu'il ait envie de me dépanner bien comme il faut, mais je ne peux éviter d'avoir l'air méfiant et circonspect. Souvent, j'ai raison.

Depuis 5 ans qu'il entretient notre chaudière avec succès, Marcel m'a un peu apprivoisée et je suis moins crispée quand il arrive. Pourtant, quand il a changé le joint du radiateur qui fuyait, je n'ai pas pu m'empêcher :

- Vous êtes sûr de vous là ? parce que le joint que vous avez remplacé n'est pas le même.
- Oui, oui, la preuve : ça ne fuit plus.

N'empêche que deux jours plus tard, quand les premiers froids ont déclenché la chaudière, le radiateur fuyait dix fois plus. J'ai eu la chance de me trouver à la maison et que le plombier puisse venir dans l'heure qui suit.

Après un bref coup d'oeil, Nestor a conclu : "il faut changer la pièce, et puis ça ne va pas être simple parce que ce n'est pas très accessible". Mes sourcils ont parlé pour moi et sans que j'aie prononcé une parole il a ajouté :

- Vous ne me croyez pas.
- Euh...
- Bon, je vais essayer un truc mais si ça ne marche pas il faudra changer la pièce.

Son truc a marché, et m'a coûté 73 euros.

Je vais envisager sérieusement une reconversion.

mercredi 23 novembre 2011

Anne


Autant j'aime les fables de La Fontaine, autant je n'accorde aucun crédit aux dictons, proverbes et autres expressions toutes faites.

Mon détesté entre tous est depuis toujours : "il n'y a pas de fumée sans feu".

Cela faisait six mois qu'Anne ne répondait pas à mes messages. Hier, j'ai appris son décès et son désir de réserver à quelques intimes la nouvelle de l'aggravation de sa maladie.

Depuis hier, mon détesté favori est : "pas de nouvelles, bonnes nouvelles".

Je suis bien triste.

mardi 22 novembre 2011

Tapisserie

J'aurais voulu trouver un rouge un peu moins ... rouge mais l'autre couleur était un jaune vraiment trop ... jaune.

Alors j'ai retapissé les chaises en super-rouge. Et comme il m'en restait, j'ai aussi retapissé les étagères. Il m'en reste encore assez pour les tabourets mais j'hésite.

Je me demande si Sergueï va aimer quand il rentrera vendredi soir.


lundi 21 novembre 2011

Botox ?

L'autre jour en sortant de chez le dentiste j'avais les deux côtés du visage paralysés par l'anesthésie.

Cela me faisait une drôle de tête. Les joues bien lisses et replètes et le menton et les yeux bien froissés.

J'étais toute moche.

dimanche 20 novembre 2011

Coquillages



J'aime les coquillages de mon amiLamy.

Les seuls capables de bruissonner comme un plumage de dindon qui fait le beau.

jeudi 17 novembre 2011

Un après-midi en ville

Je n'aime pas trop m'acheter des habits. Des fois j'y suis obligée parce que mes habits sont très fatigués.

Si je vais dans les magasins toute seule, je trouve que tout est moche et cher et reviens bredouille.

Si Sergueï m'accompagne, il trouve le premier truc que j'essaie magnifique, splendide et arrive à me convaincre de l'acheter. Après, je ne le porte pas parce que je trouve ça moche. Je le soupçonne de feindre l'enthousiasme pour en finir au plus vite.

Avec ma princesse c'est autre chose. D'abord, le plaisir d'être avec elle compense mes réticences à entrer dans les magasins. Quand même, au bout de trois magasins je trouve le premier truc que j'essaie magnifique et splendide. Mais elle ne me laisse pas faire et avec beaucoup de patience, elle m'explique qu'à mon âge, il me faut des tissus qui tiennent, des habits bien coupés et de jolies couleurs. Et surtout, une taille de moins que celle que je choisis pour être à l'aise.

En général, elle a raison. Le problème, c'est que pour porter les habits que j'achète avec elle, il faut que je me tienne droite, que je rentre le ventre et si je portais des talons ce serait encore mieux.

Merci princesse, pour cet après-midi.

Ta patience a été à la hauteur de ma mauvaise volonté.
Et grâce à toi, j'ai quand même fini par trouver ce beau pull rouge.

mercredi 16 novembre 2011

To be or not to be ...

Coup de fil de poulet n°1 :
- Rosana, j'ai laissé traîner mes zoreilles et j'ai entendu que tu étais pressentie avec deux autres personnes, pour le poste d'adjoint qui se libère à Machintruc. Je te le dis pour que tu sois prête quand on te proposera de postuler.

Machintruc est à un quart d'heure à pied de chez moi et il s'agira probablement de la seule opportunité de promotion avant longtemps.

Mais pas sûr que je sois tentée par un établissement qui a vu démissionner deux adjoints en six mois.

Pourtant, je m'entends bien avec le nouveau directeur.

Oui, mais l'équipe qu'il faudra encadrer est un vrai panier de crabes.

Pourvu qu'on ne me propose rien et que je n'aie pas à réfléchir, à hésiter, à décider ...

mardi 15 novembre 2011

Un 12 novembre au soleil

Notre amie Mimi a un point commun avec ma mère. Elle sait, au pied levé et en une demi-heure vous concocter un festin :

. spaghettis aux coquillages et petits légumes
. pinces de crabe
. grosses crevettes roses

Et le tout, sur sa terrasse, au soleil, un 12 novembre !

lundi 14 novembre 2011

Folie furieuse

Zebibi, qu'est-ce qui t'a pris de me téléphoner jeudi soir, pour inviter à déjeuner "comme au bon vieux temps" ?
Il y a deux ans, quand tu étais mon DG, puis mon président, je t'avais vomi à la face tout mon mépris pour tes coups tordus, refusé tes excuses à plusieurs reprises puis demandé mon changement de service... et maintenant que tu n'es plus rien, tu voudrais que je déjeune avec toi ?

T'entendre m'a fait l'effet d'un coup de poing dans l'estomac. Le crocodile qui me serrait la gorge m'a juste permis d'articuler "je ne sais pas". Alors tu m'as demandé de réfléchir et de te rappeler.

Tu es dingue ?
Tu crois que j'ai oublié ?
Tu es maso ?
Tu crois que je suis dingue ?
Tu as fait un pari avec un pote ?

Aujourd'hui, je savoure le plaisir de savoir qu'un plus fort et mieux placé que moi t'a mis dehors à coups de pied. Le plaisir d'avoir échappé à tes crocs.

Quand tu rappelleras, je ne décrocherai pas mon téléphone.

Tonnerre de Brest. Je n'en reviens toujours pas.

vendredi 11 novembre 2011

My taylor is rich

J'ai toujours aimé l'anglais. L'écouter et le parler.

Je le parle comme une vache espagnole (les vaches françaises ne doivent pas mieux le parler, pas plus que les moutons allemands ou les chèvres italiennes mais on dit comme ça).

Il y a quelques années, Stephen m'a demandé si j'étais heureuse dans la vie. En anglais, pour la bonne raison qu'il ne parlait pas français. Le pauvre. Je lui ai raconté pendant un quart d'heure les raisons pour lesquelles on ne pouvait pas être heureux tant qu'il y aurait des bébés éthiopiens qui meurent de faim. En anglais.

Il faut dire que j'ai acquis l'essentiel de mon vocabulaire en écoutant les Beatles, du coup j'étais super à l'aise sur la question.

Enfin, pas sûre que j'aie été très claire, vu les regards consternés de Sergueï, et les sourires amusés et indulgents de Sylla.

Bref, ce soir, au Galuchat, à la table derrière moi, ma princesse devisait en anglais "fluently" avec des clients américains. J'étais jalouse.

Puis je l'ai entendue : "It's my mother." Je me suis alors retournée et un des gentils messieurs s'est adressé à moi, en anglais et m'a dit qu'ils venaient toutes les semaines au Galuchat pour profiter du joli sourire de la serveuse, et que je pouvais être fière parce que ma fille était épatante, plus d'autres choses que je n'ai pas comprises.

J'ai juste été fichue de répondre "merci". En français.

Demain, je me remets aux Beatles.



jeudi 10 novembre 2011

Dépitée...

- Salut Rosana, on m'a prévenu que tu allais m'envoyer à la pêche mais je voulais savoir si tu es mariée, heureuse et tout ça ou si tu accepterais de venir boire un coup avec moi.

- Euh, c'est gentil mais oui, je suis mariée, heureuse et tout ça et en plus, les grands jeunes hommes mal rasés, ce n'est pas trop mon truc.

- Oh mais ce n'est pas grave ça, les petites à lunettes ce n'est pas trop mon truc non plus d'habitude. T'es sûre que tu ne veux pas ?

- Va mourir. (snif) 

mercredi 9 novembre 2011

Perché ?

Ce matin, coup de fil de poulet n°1 :

"Rosana, il faut que je te raconte à quel point j'ai pris conscience de la différence de niveau entre moi et le reste du groupe de formation l'autre semaine. D'ailleurs, la formatrice me l'a confirmé, j'ai une manière de m'exprimer et des connaissances tout à fait exceptionnelles qui ont mis le reste du groupe en difficulté. J'ai vraiment au moins deux trains d'avance, c'est fou l'abîme qui nous sépare, on ne peut pas se comprendre, c'est normal que les autres aient du mal à me suivre...".

Il se donne vraiment du mal pour me convaincre de sa grande intelligence, au moins QI >250.

Mais ça ne marche pas avec moi, je le trouve très bête.

En même temps, j'aimerais bien comprendre pourquoi je l'aime bien. Je le trouve touchant de bêtise.


mercredi 2 novembre 2011

Promesse

Je promets ici à mon papa adoré et hyper-anxieux que si un jour j'ai un vrai infarctus, je lui téléphonerai avant d'écrire une histoire sur ce blog.

Ceci est valable pour toute autre mauvaise nouvelle.

Et si je n'écris pas trop en ce moment, ce n'est pas à cause d'une paralysie des doigts. Certes j'ai quelques cals sans gravité à ceux de la main gauche mais c'est à cause de ma guitare.

Pas non plus de paralysie du cerveau, juste une petite flemme. 

Voilà.

(une bise à mes lecteurs français, espagnols, américains, algériens, allemands, canadiens, belges, suisses et néozélandais - j'ai appris à consulter les stats de gougueule)