On vit chacun les excentricités, les abus, les brimades ou les assauts de zbb comme on peut.
La plupart de mes collègues le font avec souplesse et philosophie. Comme on le sait, je n'y suis jamais arrivée, malgré une lecture assidue de Sénèque, le Dalaï Lama et autres stoïciens.
Et puis il y a mon nouveau directeur qui a une manière très personnelle de résister. Quand il est dans l'oeil du cyclone, il trimballe dans son cartable un dossier épais de 5 cm et hurle à qui veut l'entendre (sauf au principal intéressé évidemment), qu'il va aller voir son avocat. Et quand il en sort, oh jamais très longtemps, il lui fait de grandes déclarations d'amour : "en fait il a raison, je l'aime, on partage 30 ans d'histoire commune, c'est un homme extraordinaire".
On peut imaginer à quel point il est devenu dingue, et ce que ça peut donner en réunion. En ce moment, sa marotte, c'est de citer Marx, Houxley et Hitler dans de grandes envolées lyriques tel un illuminé hystérique. Alors tout le monde lève les yeux au ciel "ça y est, il est reparti".
Ce matin, c'était la quatrième réunion sur ce registre, et comme j'en avais marre de ces citations hors de propos, je lui ai demandé s'il n'avait rien lu de plus actuel, parce que depuis Marx, des gens très intelligents avaient écrit plein de trucs.
C'est le genre d'intervention que zbb aurait détestée, il m'aurait clouée au pilori et réuni un tribunal stalinien (ah Marx, si tu savais!) pour organiser ma repentance.
Mais ce matin, tout le monde a rigolé, même le directeur en question qui m'a demandé de lui prêter des bouquins.
Je suis super balèze en animatrice.