mardi 20 décembre 2011

Cordonnier

Depuis que ma princesse avale les kilomètres à pied et use plusieurs paires de chaussures par an, je vois régulièrement le cordonnier du quartier.

Il arrive chaque fois à me surprendre. D'abord, au lieu de prendre une mine réjouie et de se frotter les mains (comme le marchand de poisson de ma mère quand il la voit arriver) il a l'air tout ennuyé.

J'ouvre la porte, il arrive en traînant les pieds. Je pose les chaussures sur son comptoir et ses expressions sont un savant mélange qu'il a du mettre des années à peaufiner. A mon avis.

D'abord un air consterné, ahuri, genre : mais comment elle a fait cette folle pour faire ça à ses chaussures, je n'ai jamais vu ça ...

Puis il en prend une du bout des doigts, un peu méprisant et dégoûté (je les ai lavées avant, hein) : je ne vais jamais y arriver, elle me prend pour qui ?

A ce stade, je lui dis, un peu agacée : c'est impossible à réparer, je m'en vais ?

Il me répond du bout des lèvres : ouais, je veux bien essayer, mais bon, je garantis rien ...

Puis il m'annonce le prix, qu'il faut payer AVANT.

Et quand je repasse prendre les chaussures, il me surprend une nouvelle fois, elles sont comme neuves, mais il a l'air tout à fait épuisé, comme si la réparation avait pompé toute son énergie.

Je me demande si c'est un grand angoissé ou s'il justifie ainsi le prix de sa réparation. 



2 commentaires:

Joan Durand a dit…

Moi, ces gens-là, je les appelle les "souriants". hi! hi! hi!

Rosana a dit…

Et bien voilà son nouveau surnom, merci Joan.