lundi 20 avril 2009

La peur

Vous vous réveillez le matin avec la peur au ventre. Votre sommeil a été entrecoupé de cauchemars et de réveils. Impossible de rien avaler au petit déjeuner. Un sentiment d’urgence et de danger immédiat vous serre l’estomac comme un étau. En approchant de votre lieu de travail, l’étau vous étreint les poumons aussi. Vous ne parvenez pas à sourire et dites bonjour du bout des lèvres. A force de raser les murs vous avez attrapé une démarche de guingois. Vous êtes Directeur et votre journée devrait débuter par la liste des consignes à vos équipes. Mais vous vous enfermez dans votre bureau, incapable de sortir de votre vertige.

Vos proches collègues sont presque aussi tourmentés que vous et vous adressent à peine la parole. Vous suivez une psychothérapie depuis des années sans parvenir à y trouver un réconfort, mais cela vous aide un jour à mettre un mot sur votre malaise : vous êtes victime de harcèlement moral de la part de votre DG. Avant d'aller vous pendre ou d'entamer une procédure judiciaire, vous décidez de jouer le tout pour le tout. Vous vous jetez à l’eau et pendant les congés du monstre, vous demandez une entrevue à monsieur votre président, le patriarche bienveillant et paternel.

Il vous reçoit, vous écoute et vous réconforte. Vous lâchez les digues, c’est si bon ! Sans le réaliser vraiment, vous en rajoutez dans le genre mélo et lui demandez de devenir médiateur. Il accepte et sait trouver les mots pour vous regonfler. Votre bien-être va durer le temps du trajet du bureau du président à votre bureau.

En effet, dès que vous êtes sorti, le président téléphone au pervers narcissique en vacances, pour mener à bien sa médiation. Avant même d’avoir prononcé une phrase entière, il se fait copieusement agresser parce qu’il vous a reçu sans autorisation. La violence est telle qu’il ne pense même pas à objecter que son statut de président l'en dispense. Non. Il s’incline, fait son mea culpa, oublie la raison de son appel, raconte vos épanchements, et raccroche, soulagé. La fureur du monstre tombera sur quelqu’un d’autre.

En l’occurrence vous, qui avez juste le temps d’arriver dans votre bureau. L’assaut est pire que ce que vous avez jamais connu et vous met dans un tel état pour les mois à venir que votre seule planche de salut sera de penser que c’est vous qui vous êtes trompé, vous êtes coupable, responsable, vous êtes un incapable … Votre degré d’aveuglement est tel que vous serez sincère en disant de votre bourreau : c’est lui qui m’a tout appris, sans lui je ne serais rien.

Votre entourage rit jaune.


3 commentaires:

Anonymous a dit…

c'est du vécu ?
Tn

barnioc a dit…

100%

Anonymous a dit…

Ca fait froid dans le dos, je vais faire des cauchemars cette nuit