dimanche 10 mai 2009


Aie confiance

Vous sentez qu’un de vos salariés vous échappe, sa motivation semble médiocre alors que vous avez besoin de lui. Il se peut aussi qu’au hasard d’un dossier, vous ayez remarqué les compétences d’un de vos subordonnés, et que vous ayez envie de vous en assurer la fidélité. Ou encore, vous pouvez avoir besoin de flatter un élu syndiqué.

Convoquez-le dans votre bureau, vantez copieusement ses mérites et faites-lui miroiter une promotion en termes assez vagues de rémunération ou de reconnaissance. Concluez l’entretien d’une voix vibrante : fais-moi confiance, fonce, le reste, j’en fais mon affaire. Au besoin, pour accroître vos capacités de persuasion, croyez-y vraiment.

Vous pensez être en droit de bénéficier dès lors d’une motivation sans borne de la part de votre salarié. Sa promotion n’est qu’un projet très vague et lointain, et s’il savait il ne sortirait pas de votre bureau rassuré et euphorique. Pour l’instant, il a envie d’y croire et votre image rassurante et paternelle lui fait du bien. Il a l’impression que vous allez prendre en charge ses angoisses et le dédouaner de toute responsabilité. Votre tutoiement n’est pas inoffensif : votre salarié est devenu un petit enfant (oubliant tous les inconvénients de cet état). Dès qu’il sort de votre bureau le cœur débordant de reconnaissance à votre égard, passez à autre chose.

Après quelques années dans l’entreprise que vous dirigez, il vous sera difficile de motiver votre « convoqué » de la semaine. Vous sentirez même l’expression désabusée qu’il s’efforce de masquer alors que vous lui jouez pour la cinquième fois en trois ans la scène de la confiance.

Il arrive parfois qu’un salarié vous rappelle vos promesses non tenues. Suivant le moment, montrez-vous royal, rattrapez la faute et rejetez-la sur vos subordonnés de manière très vigoureuse, cette bande d’incapables qui n’ont pas suivi vos consignes. Vous êtes devenu un virtuose de la double-pensée (cf 1984 d'Orwell).

Dans des moments de lucidité, ou quand vous avez besoin de collaborateurs compétents et créatifs, vous réalisez que votre entourage immédiat n’est plus composé que de sujets et de cyniques.

Mais la plupart du temps, cela vous convient parfaitement.

2 commentaires:

FTUL a dit…

tu parles tjours du même ?

barnioc a dit…

@ftul : ça dépend, c'est le même que la zistoire du 4 et du 6 mai, oui. Ca ne se sent pas ?