mercredi 6 mai 2009


Restaurant n°1

La veille vous avez réussi à tenir une réunion entière sans soupirer, lever les yeux au ciel, prendre l’air absent, cynique ou consterné. Vous avez été comme les autres et avez trouvé reposant de vous laisser mener sans ramer à contre-courant.

Le problème c’est que zebigboss a décidé de se souvenir de votre existence, ce qui signifie des tas d’emmerdements. Le premier : il vous appelle le soir chez vous pour vous dire tout son plaisir de retravailler ensemble. Le deuxième, il vous donne rendez-vous au restaurant pour un déjeuner de travail.

Il est déjà là quand vous arrivez, finit une phrase au téléphone, puis raccroche. Il se lève pour vous faire la bise, cordial. Vous vous asseyez en face de lui : gris, gros, gras. Vous vous sentez coupable de vos pensées parce qu’il a le sourire bienveillant. Quand vous lui demandez s’il va bien, ça se gâte. Tout d'abord il expédie la commande du repas, le sien et le vôtre sans vous laisser le temps de consulter la carte, vous aurez peut-être le choix au dessert. Puis il commence à vous donner de ses nouvelles. Vous êtes pourtant prête à tout, vous le connaissez bien, mais il arrive à vous surprendre : il vient de chez le proctologue parce que suite à une otite, il a «chié du sang abominable» pendant une semaine, mais son intestin et son anus ne sont pas en cause, c’est juste ses hémorroïdes. Heureusement, le service est un peu lent ; vous parvenez à faire passer votre perplexité pour de la compassion.

Il passe alors au chapitre suivant : regrette que ses nouvelles fonctions l’empêchent de travailler avec vous comme autrefois, vous faites partie des deux ou trois piliers sur qui il peut compter… Vous évitez ce que vous faites d’habitude : la petite maline qui n’est pas dupe et il est suffisamment imbu de sa personne pour concevoir le moindre soupçon.

A la place, (mais qu'est ce qui vous prend ?) vous casez : est-ce que je peux me permettre de profiter de l’intérêt que vous semblez me porter pour vous poser une question concernant ma rémunération ? (Un jour, pour vous punir, il a bloqué votre salaire sur une des deux boîtes qui vous paient, ce qui au bout de quelques années finit par représenter une somme conséquente, merdalors)

Il marque un temps d’arrêt. Vous soutenez son regard d’une manière que vous espérez très professionnelle et posée, en vous raccrochant intérieurement très fort au fait que c’est vrai, il l’a dit lui-même cinq minutes auparavant (oubliez que la plupart du temps il dit n’importe quoi) vous faites partie des gens sur qui on peut compter, non ? Au fond, vous vous épatez vous-même d’avoir prononcé cette jolie phrase : est-ce que je peux me permettre de profiter … ?

Apparemment il est épaté lui aussi et il l’exprime : il est content que vous ayez abandonné votre «coquetterie» qui consiste à refuser toute promotion en échange de la tranquillité (vos copines promues sont parfois très mal en point). Vous manquez alors de tout gâcher quand vous dites avec précipitation que vous ne souhaitez rien abandonner du tout.

Quand la réactualisation de la partie injuste de votre salaire arrive le mois suivant, vous souriez. En effet, vous comprenez enfin que votre paie est indexée sur votre capacité à écouter des histoires de trou du Q.

7 commentaires:

Pornichet a dit…

T'es vilaine, est ce que tu sais que tu risques une amande pour diffamation ?

barnioc a dit…

Grillée ?

Anonymous a dit…

Et même que tu peux aller en prison

barnioc a dit…

d'abord ya que 8 personnes qui ont l'adresse de mon blog et je n'en vois pas une qui pourrait me dénoncer, arrête de me faire peur, espèce d'anonyme, ki tu es d'abord ?

FTUL a dit…

9

Anonymous a dit…

Excellent ! aie aïe tu vas avoir de la promotion !!! ViBi

barnioc a dit…

@vibi : je crois pas, non, je ne tiens pas sur la durée ... au bout d'une heure et même bourrée de primperan j'ai envie de vomir !