lundi 28 septembre 2009


Le syndrome de Stockholm


Il y a dix jours, votre pdg a fait exploser en vol poulette n°1. Elle lui a vomi au visage sept années de frustrations, griefs et injustices subies. Pas assez solide pour en affronter les conséquences, elle est depuis en arrêt maladie.


Vous n'avez pas assisté à la scène, les trois autres poulettes vous l'ont racontée. Depuis, elles rasent les murs et prennent des cachets. La mécanique du pdg est bien rôdée : les trois premiers jours il a disparu, le quatrième il s'est enfermé dans son bureau sans dire bonjour et sans regarder personne dans les yeux. Sa femme monte la garde alors les poulettes se téléphonent le soir.


Une semaine plus tard, le pdg arrive au siège un peu moins furieux, sauf avec poulette n°1 mais elle n'est pas rentrée alors elle s'en fiche. Les autres poulettes, soulagées, recommencent à respirer et guettent un signe de rémission, prêtes à oublier tout ce qu'elles endurent depuis un mois, pour un regard du chef. Elles ont évité un nouveau changement d'horaire de travail, genre RTT entre midi et deux heures, elles en sont presque reconnaissantes.


Il vous a renvoyée du siège et vous en avez profité pour demander votre mutation dans un autre service, où vous le verrez de plus loin, voire plus du tout. Malheureusement, la seule personne à pouvoir prendre le relais dans votre travail est poulette n°1. Vous avez donc trois mois de préavis à travailler comme un zombie.


A votre conseil d'administration qui a accepté ce changement de service, vous avez dit : "pour que ces trois mois se déroulent sans incident, je vais vous demander de veiller à 3 choses : tout d'abord, l'enflure va modifier mes horaires de travail, puis il va demander à rallonger mon préavis et pour finir il va refuser ma demande de congés de Noël. Je suis prête à assouplir mes horaires mais je ne transigerai ni sur la durée du préavis ni sur mes congés". L'enflure en question a mis trente minutes à demander au conseil d'administration de rallonger votre préavis, cela lui a été refusé. Voyons le temps qu'il va mettre à changer vos horaires et à refuser vos congés ...


Poulette n°1 vous écrit tous les soirs, elle est bien malheureuse chez elle toute la journée à tourner en rond, mais il lui est physiquement impossible de revenir affronter le pdg.


Vous préférez rester sur le pont. Et vous guettez chez vos collègues l'apparition du syndrome de Stockholm.

5 commentaires:

F.TUL a dit…

j'avais jamais envisagé le syndrome de STKLM comme ça, mais c'est pourtant vrai, le truc du soulagement quand quelqu'un te frappe, tu lui est presque reconnaisant quand il arrête.

Sylla a dit…

C'est sans commentaire.... Mais j'ai une question : c'est quoi le syndrome de Stockolm ? Y'a quelque chose que j'ai raté ?

Rosana a dit…

@sylla : tu sais, c'est quand les mecs qui sont kidnappés prennent la défense de leur kidnappeur, genre dans les années 70, patti hearst, jamais entendu parler ?

Sylla a dit…

Si, mais je ne savais pas que s'appelait comme ça, d'ailleurs je ne savais pas que ça s'appelait.

Rosana a dit…

@sylla : on peut faire confiance aux psychologues pour coller des étiquettes partout.